Vingt-et-un parlementaires signent une tribune afin d’alerter sur le sort des personnels soignants non-vaccinés, toujours interdits d’exercer malgré la levée du passe vaccinal, lundi 14 mars.
Par Sylviane Noël
Souvenez-vous. Il y a tout juste deux ans, l’épidémie de Covid-19 submergeait brutalement nos hôpitaux. Comme toujours, les personnels soignants ont fait preuve d’une abnégation et d’une oblativité sans faille, enchaînant sans sourciller les journées harassantes. Ceux-ci renonçaient à leurs congés et allèrent jusqu’à accepter de travailler dans des conditions dignes du tiers monde : sans masques, sans gants, sans gels hydroalcooliques. Pour faire face, ils étaient réduits à se fabriquer des blouses avec des sacs poubelles et réutiliser, encore et encore, des masques usagés, faute de stocks suffisants. Épuisés par la fatigue, certains venaient travailler alors qu’ils étaient eux-mêmes atteints du Covid, et donc très affaiblis.
Ce dévouement reconnu de tous avait ému la France entière et, pendant de nombreuses semaines, rendez-vous était donné chaque soir à 20 heures pour applaudir ces héros à nos fenêtres…
Puis brutalement, le sort réservé aux soignants a changé : les héros d’hier sont devenus les parias d’aujourd’hui. Alors que l’obligation vaccinale a été rejetée par le Parlement français, laissant à chacun la « liberté » – toute relative face à un passe sanitaire puis vaccinal très discriminant – de recourir à la vaccination, les soignants et assimilés (pompiers par exemple) n’ont pas eu ce choix.
La loi du 5 août 2021 les a enjoints à se faire vacciner, faute de quoi ils devaient être suspendus de leurs fonctions, sans revenus, sans statut, sans aucune considération, plongés dans la plus totale précarité.
Alors que de multiples études montrent que la vaccination n’a pas d’incidence sur le portage et la transmission du virus, ce sont plus de 15 000 soignants et près de 6 000 pompiers qui ont été suspendus parce qu’ils ont choisi d’exercer, comme tous les autres français, leur libre choix à l’égard de ce vaccin. 21000 héros du quotidien qui font cruellement défaut à notre hôpital déjà exsangue, ainsi qu’à notre chaîne de secours déjà éprouvée par deux années de crise sanitaire.
Ainsi, le gouvernement s’est lui-même contraint à rappeler des soignants vaccinés mais malades du Covid (positifs, donc) ; au lieu de faire appel à des personnels non-vaccinés mais négatifs et prêts à se faire tester chaque jour si nécessaire. Kafka en rêvait, le gouvernement l’a fait !
Résultats sur le terrain : une véritable catastrophe sanitaire. Chaque jour, faute de personnel disponible, des établissements de santé déprogramment des interventions chirurgicales, des Ehpad gèlent des lits, des centres médico-psychologiques renvoient des patients lourdement handicapés dans leurs familles, des maires déplorent la multiplication des déserts médicaux, des urgences pédiatriques sont à saturation… Les situations de ce type se comptent par milliers, et plongent des malades et des familles entières dans la détresse.
Alors que le lundi 14 mars a marqué la levée de toutes les restrictions sanitaires, les soignants et assimilés français resteront toujours soumis à l’obligation vaccinale, supprimée pourtant dans de nombreux pays (Royaume-Uni, Canada, Etats-Unis…) : c’est inacceptable !
Cette crise a mis en lumière le malaise de nos soignants, les dysfonctionnements d’un hôpital sur-administré et sous-doté, les défaillances dans les chaînes de décisions. Alors que les autres pays ont pour la plupart décidé de vivre désormais avec ce virus, il est grand temps de tirer toutes les leçons de cette période moribonde et de remuscler sans tarder notre système de santé. Certains facteurs nécessiteront malheureusement du temps pour être corrigés : le déficit de personnel en fait partie. Il est donc absolument indispensable de supprimer cette obligation vaccinale pour les soignants, de réhabiliter sans perdre une minute ces milliers d’hommes et de femmes indignement traités par l’Etat français et de leur accorder, enfin, respect et reconnaissance !
« Errare humanum est, perseverare diabolicum » (L’erreur est humaine, persévérer dans son erreur est diabolique).
Cosignataires :
Sylviane Noël, sénatrice de la Haute-Savoie
Emmanuelle Anthoine, députée de la Drôme
Julien Aubert, député du Vaucluse
Etienne Blanc, sénateur du Rhône
Christine Bonfanti-Dossat, sénatrice du Lot-et-Garonne
Sabine Drexler, sénatrice du Haut-Rhin
Laurent Duplomb, sénateur de Haute-Loire
Sylvie Goy-Chavent, sénatrice de l’Ain
Loïc Hervé, sénateur de la Haute-Savoie
Alain Houpert, sénateur de la Côte d’Or
Alain Joyandet, sénateur de Haute-Saône
Mansour Kamardine, député de Mayotte
Daniel Laurent, sénateur de la Charente Maritime
Jean-François Longeot, sénateur du Doubs
Sébastien Meurant, sénateur du Val d’Oise
Laurence Muller-Bronn, sénatrice du Bas-Rhin
Cyril Pellevat, sénateur de la Haute-Savoie
Damien Regnard, sénateur des Français de l’étranger
Michel Savin, sénateur de l’Isère
Laurence Trastour-Isnart, députée des Alpes-Maritimes
Martine Wonner, députée du Bas-Rhin
Source : Valeurs Actuelles