L’info de la semaine– Blackrock s’ingère dans la nomination du nouveau patron de la Banque Centrale d’Angleterre ! Jadis, un étudiant en économie apprenait qu’une banque centrale était « indépendante » (on vous en parle régulièrement dans Finance & Tic). Certes, c’était pur jargon, mais quand même : du temps de Pierre Bérégovoy, le patron de la Banque de France, Jacques Delarosière, était prêt à démissionner si la politique monétaire dictée par Matignon et Mitterrand contrevenait à ce que son mandat de banquier central lui dictait de faire ! Une autre époque…
En 2023, les choses ont bien changé : BlackRock, le géant mondial de la gestion d’actifs avec plus de 10.000 Mds $ d’actifs sous gestion (officiellement ; sous algorithmes, c’est près du double), intervient désormais dans… le processus de nomination du prochain chef de la Banque d’Angleterre, la BoE ! Cette implication d’une entreprise privée étrangère dans le choix du leader d’une institution clé de la souveraineté – monétaire en l’occurrence – d’un pays d’Europe soulève des préoccupations quant au contrôle réellement exercé par les multinationales sur les affaires nationales. On voudrait démontrer la dilution des nations dans le grand capitalisme monopoliste d’Etat qu’on ne saurait trouver meilleur exemple.
A mesure que les acteurs du secteur privé (US) renforcent leur rôle décisionnel, il est indéniable que la perte d’influence des gouvernements sur l’économie est en train de s’accélérer. Cette situation met notamment en lumière le pouvoir croissant des grandes entreprises et des fonds d’investissement, souvent des « hegde funds » spéculatifs américains, dans la prise de décisions importantes traditionnellement réservées aux autorités gouvernementales. L’oligarchie occidentale ne cache désormais plus son jeu, bien que seule une minorité de citoyens – celle qui fait l’Histoire – semble pour lors en être consciente et comprenne pleinement les implications de cette évolution.
Le chiffre de la semaine
5e, le rang de Paris au classement des places financières les plus attractives
Paris se classe parmi les cinq places financières les plus attractives du monde, selon le nouvel indice “Ofex” (Open Financial Ecosystem Index) établi par l’Institut Louis Bachelier de Paris et le Center for Financial Studies de Francfort. Ce classement repose sur 55 critères tels que la capitalisation boursière, le marché immobilier, les actifs bancaires, le PIB, la régulation financière, l’éducation ou encore l’accès à Internet.
Wall Street domine encore le classement (pour combien de temps ?) avec un score parfait de 100, suivi de Chicago (85) et Londres (82,5). Paris se positionne en cinquième place avec un score de 70,5, devançant Francfort (68) et Zurich (64,4) en Europe. Johannesburg occupe la dernière place du classement avec un score de 40. Cette évaluation vise à être mise à jour annuellement, fournissant une mesure transparente et objective de l’attractivité des centres financiers internationaux. Retenons tout de même dans le grand déplacement de l’épargne à l’Est que la capitalisation boursière de Bombay dépasse désormais celle de son ex-colonisateur britannique, comme nous vous l’expliquions ici.
La déclaration de la semaine
« La question, c’est de savoir si nous gérons ou si nous transformons »
Bruno Lumière©
Encore lui !
Dans une récente interview, Bruno Lumière© et Thomas Cazenave, ministre délégué aux Comptes publics (si si il existe !), signalent la fin du principe du « quoi qu’il en coûte » (il n’était que trop temps). Ils soulignent que le contexte économique est désormais marqué par des taux d’intérêt élevés. Ainsi, avec la nécessité de réduire le déficit public sous les 3% d’ici 2027, le remboursement des intérêts de la dette pose désormais un défi majeur, dont Borne, brutalement réveillée de sa vapoteuse léthargie, semble avoir pris conscience, elle qui relance le vieux concept sarkozyste de « Revue Générale des Politiques Publiques » (RGPP), pour traquer les économies potentielles (on parle tout de même à horizon 2027 de 70 à 100 Mds € d’intérêts par an !), en en excluant immédiatement les dépenses de l’Etat !
La France, avec une dette publique dépassant la coquette somme de 3 050 Mds €, se retrouve au bord de la trappe à dette, cette situation périlleuse où le taux annuel du service de la dette excède le taux de variation du PIB. Et ce d’autant plus que le chômage a récemment augmenté à 7,4%, d’où les appels, scandaleux, de Macron aux chefs de PME à « se secouer les puces » (il paraît qu’on dit « se secouer les punaises » à l’approche des JO) ou encore à « se réveiller ». Avec un tel respect de la caste envers ceux qui les nourrissent, pas sûr que le plein emploi s’invite en France d’ici 2027, même à grand coup d’intelligence artificielle et d’hydrogène vert.