Alina Lipp est une journaliste germano-russe, installée à Donetsk dans le Donbass depuis l’automne dernier. Elle couvre le conflit russo-ukrainien en tant que journaliste indépendante, comme peuvent le faire Anne-Laure Bonnel et Christelle Néant. Ce qui n’est pas du goût du gouvernement allemand, car Alina Lipp est très populaire, un peu trop d’ailleurs, elle comptabilise pas moins de 167 000 abonnés sur la messagerie Telegram que les sites d’informations reprennent très largement.
Mais quel est donc le crime d’Alina ? Cette dernière a eu l’impertinence de qualifier les crimes de guerre de l’Ukraine dans le Donbass, qui se sont déroulés depuis 2014, de « génocide ». Elle risque jusqu’à trois ans de prison ferme. Loin de s’arrêter là, le gouvernement allemand a fermé ses comptes bancaires, ainsi que ceux de son père afin d’assécher ses revenus qui lui permettent d’informer la population allemande.
Mais l’acharnement ne s’arrête pas là. Elle a publié un message sur Telegram disant que « La dénazification a commencé », en référence à l’incursion de l’armée russe contre les soldats du bataillon Azov, soutenus par le régime de Zelensky, qui ne cachent pas leur adoration d’Hitler, ainsi que du nazi Stepan Bandera. Après ces propos, le Parquet enquête sur un acte « criminel », considérant que la journaliste « « encourage ou tolère des crimes réglementés par le Code pénal, et que l’invasion russe soutenue par Alina Lipp constituerait un crime au regard du droit pénal international ».
Dans une vidéo postée sur Telegram, la journaliste s’explique : « Hier, j’ai reçu cette lettre des autorités allemandes, m’annonçant qu’elles ont ouvert une affaire pénale contre moi. Et pour les Allemands, le soutien de l’opération spéciale de la Russie est déjà un acte criminel pour lequel vous pouvez écoper de trois ans de prison. Dans leur lettre, ils écrivent que, le 24 février, j’ai publié un message sur Telegram disant que la dénazification a commencé et que les habitants de la région du Donbass soutiennent la Russie dans sa décision de lancer l’opération spéciale. »
Pour aller encore plus loin dans les persécutions, nous apprenons par la journaliste un fait intéressant et pour le moins anti-démocratique en Allemagne « Soit dit en passant, il est également intéressant de noter que sur cette page [NDLR, page Telegram], il y a un grand Z en haut et que Z est interdit en Allemagne, c’est un symbole pour soutenir l’opération spéciale de la Russie. Et pour cela il faut payer, c’est ce qui m’arrive maintenant et peut arriver à tous les journalistes et blogueurs indépendants. »
Force est de constater que les pays dits démocratiques se rapprochent chaque jour à grands pas martiaux des dictatures qu’ils dénoncent.