Les habitants d’une commune creusoise ont décidé de créer une épicerie participative et ont fait venir l’association Bouge ton Coq pour être accompagnés. Le concept : pas de salariés, pas de marge, mais seulement des adhérents qui s’occupent de la logistique et de faire tourner la « boutique ».
Il y avait du monde dans la salle municipale de Bazelat pour assister à une réunion publique dont l’objectif était de présenter le projet d’épicerie citoyenne porté par une association locale et des habitants du coin.
◆ Redynamiser les villages sans commerce
« Bouge ton Coq est un mouvement d’intérêt général pour la ruralité qui lutte contre la désertification des territoires », nous explique une des deux animatrices venues de la capitale pour parler de cette association nationale qui accompagne les projets locaux dans toute la France.
Selon Bouge ton Coq, pour un maire ou une association, « ouvrir une épicerie en 3 mois dans mon village, c’est possible ! » L’objectif est de créer un commerce non lucratif, sans charge et sans marge, qui crée du lien entre les habitants avec un approvisionnement de préférence en circuit court auprès des producteurs locaux.
Pour parvenir à ce but, l’association offre un accompagnement individualisé et gratuit pendant plusieurs semaines aux élus ou associations désireux de créer du lien social dans les communes de moins de 3 500 habitants sans commerce similaire : en participant à des réunions publiques pour informer la population locale et analyser les données des enquêtes publiques préalablement menées, en donnant des conseils réguliers, en mettant à disposition un logiciel gratuit et en versant 1 100 € pour donner un coup de pouce au lancement.
◆ Court-circuiter la grande distribution
Il n’est actuellement pas facile de se procurer des produits à la fois locaux, de qualité et bon marché tout en respectant l’environnement. Les solutions alternatives à la grande distribution existent, telles que les AMAP, les marchés et les magasins de producteurs. L’association Bouge ton Coq a décidé d’accompagner le développement du concept d’épicerie coopérative proposé par « Mon épi », mais en secteur rural déserté uniquement.
C’est un mode de distribution direct et social entre producteurs locaux et citoyens : les adhérents de l’épicerie donnent en moyenne deux heures de leur temps par mois pour participer à l’existence de l’épicerie qui proposera des produits sans marge, achetés à des producteurs locaux ou à des grossistes partenaires, offrant ainsi des tarifs plus attractifs que la grande distribution. Plus besoin de salariés, chacun pourra œuvrer selon les besoins de l’épicerie et de ses propres envies : comptabilité, ménage, papiers, réassort, prise de contact avec les producteurs, distribution des produits sur place, les tâches sont multiples et à se partager.
◆ Une liberté d’action qui reste garantie
Toutes les épiceries ne se ressemblent pas et auront la couleur de celles et ceux qui les lancent. Les adhérents de l’épicerie pourront décider ensemble de ce qu’ils souhaitent proposer et le faire évoluer au fil de leur expérience. Des produits locaux seulement ? Du vrac ? Du frais ? Des produits de première nécessité ou une gamme très large ?
Idem pour les jours et horaires d’ouverture, le montant de la cotisation à l’association et bien d’autres éléments qui resteront à déterminer en commun.
◆Des critères à respecter
Toute commune ou toute association ne peut bénéficier de cet accompagnement. Bouge ton Coq précise bien sur son site que la candidature doit d’abord être validée ensemble, selon certains critères. Les volontaires doivent par exemple impérativement habiter dans une commune de moins de 3 500 habitants qui ne dispose d’aucun commerce similaire.
C’est bien le cas de Bazelat, où le projet d’épicerie coopérative a été lancé par le Kilukru, un bar associatif qui vient de fêter sa première année et dont les idées et la motivation ne manquent pas. Avant d’organiser la rencontre avec Bouge ton Coq, la commune avait d’abord lancé une enquête publique auprès des habitants afin de savoir s’il y avait des personnes intéressées ainsi que leurs aspirations.
◆ Un soutien municipal bienvenu
Si le projet est porté par une association, l’idéal est de le faire en coopération avec la mairie qui peut, par exemple, mettre à disposition un local quand cela est possible, et/ou faire des demandes de subventions pour compléter l’aide financière de Bouge ton Coq, laquelle pourra permettre d’investir notamment dans des meubles et du matériel.
Comme à Bazelat il n’y avait malheureusement pas de local public disponible ni aucune proposition de local privé, les habitants déterminés à voir leur épicerie voir le jour ont eu l’idée d’acheter eux-mêmes le local par le biais d’une association déjà existante.
◆ Un appel à candidatures qui a du succès
Selon Bouge ton Coq, association créée par les frères Emmanuel et Christophe Brochot, déjà plus de 85 épiceries ont ouvert, sont accompagnées et n’ont pas fermé, et suite à leur dernier appel à candidatures, plus de 75 réunions publiques sont prévues en France. Rien que dans la Creuse, l’association s’est déjà rendue à Maisonnisses, La Saunière, Pionnat et Le Donzeil.
Même si le dernier appel à candidatures se terminait en février, il est toujours possible de contacter l’association et de faire une demande d’accompagnement.
◆ Une association polyvalente
La création d’épicerie n’est pas le seul domaine de prédilection de l’association, qui anime également un pôle santé avec l’opération « médecins solidaires » à l’échelle nationale, afin de « remédicaliser » des zones rurales désertées. Elle vise également à développer le sport et bien d’autres secteurs.
👉Voir une vidéo sur les actions de Bouge ton Coq :
Article par Estelle Brattesani
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