L’industrie agroalimentaire française réalise bel et bien des superprofits à la faveur de l’inflation, au détriment du pouvoir d’achat des Français. C’est ce que révèle une note de l’Institut La Boétie qui paraîtra le 11 avril et qu’Alternatives Economiques a pu consulter en exclusivité.
La hausse des profits a été la première raison de la forte augmentation des prix alimentaires au cours du second semestre 2022. Telle est la conclusion du premier Point de conjoncture de l’Institut La Boétie (créé par la Nupes) qui sera publié le 11 avril et qu’Alternatives Economiques a pu lire en exclusivité.
La note, écrite par Sylvain Billot, un statisticien, s’intéresse de manière approfondie à l’inflation et propose le constat que celle-ci n’est plus « sectorielle et passagère mais durable et généralisée ».
La cause, selon la note, tient à l’instauration d’une boucle profits-prix « notamment dans les secteurs liés à l’énergie, au fret international et dans l’industrie agroalimentaire »…
La hausse des profits a été la première raison de la forte augmentation des prix de production alimentaires au cours du second semestre 2022. Telle est la conclusion du premier Point de conjoncture trimestriel de l’Institut La Boétie (créé par la Nupes) qui sera publié le 11 avril et qu’Alternatives Economiques a pu lire en exclusivité.
La note, écrite par Sylvain Billot, un statisticien de l’Insee, s’intéresse de manière approfondie à l’inflation en général et avance l’hypothèse que celle-ci n’est plus « sectorielle et passagère mais durable et généralisée ».
La cause, selon la note, tient à l’instauration d’une boucle profits-prix « notamment dans les secteurs liés à l’énergie, au fret international et dans l’industrie agroalimentaire ». Et de préciser qu’au dernier trimestre 2022, « l’augmentation des profits des entreprises est responsable de 60% de l’inflation par rapport au trimestre précédent ».
Les prix alimentaires dans le viseur
Si les prix de l’énergie sont en baisse par rapport à la même période de 2022, la hausse des prix actuelle tient pour une part importante à celle des prix alimentaires qui font l’objet d’un focus de la note.
Premier constat : entre le quatrième trimestre 2021 et le quatrième trimestre 2022, « les profits du secteur ont doublé (passant de 3 à 6 milliards) tandis que la rémunération des salariés du secteur n’a augmenté que de 3 % (de 6,7 à 6,9 milliards) ».
Certes, les coûts de production se sont également largement accrus : quand on y regarde de près, on observe que le prix des intrants du secteur agricole français a augmenté de plus de 30 % depuis la mi-2021 et les prix de l’énergie également.
Mais cela n’explique pas tout. Après une chute importante entre le début de la pandémie et le dernier trimestre 2021, le taux de marge des entreprises du secteur agricole a connu une pente ascendante très rapide et se situe à la fin 2022 au-dessus de ses niveaux des quinze dernières années, au-delà du rattrapage des trimestres difficiles.
Selon les calculs présentés par le point de conjoncture de l’Institut La Boétie, la hausse des profits représentait au second semestre 2022 la première cause d’augmentation des prix de production alimentaires, devant le coût des consommations intermédiaires.
L’agence Reuters avait souligné en mars que la Banque centrale européenne était consciente que le moteur de la hausse des prix en Europe tient désormais aux comportements de marges des entreprises.
Cela semble se vérifier particulièrement pour le secteur alimentaire français, avec des répercussions négatives importantes pour le pouvoir d’achat, surtout pour les ménages les moins aisés pour lesquels le poids de l’alimentation pèse relativement plus dans le budget de dépenses. Certaines entreprises semblent donc s’inscrire dans une stratégie de « profiteurs de crise ». De quoi relancer le débat sur la taxation de ces superprofits.