Après la HAS et l’ANSM, c’est OuestFrance, le 21 janvier, qui a fait la pub de l’antiviral Paxlovid® (nirmatrelvir) du laboratoire américain Pfizer : « La Haute autorité de Santé a autorisé l’accès précoce au Paxlovid, un traitement antiviral qui réduit de 85 % le risque de développer une forme grave du Covid-19. Il s’adressera en priorité aux personnes fragiles. »
Priorité : écouler les stocks de vaccins
Attention ! La HAS rappelle que le Paxlovid® n’est pas destiné à être utilisé comme substitut à la vaccination contre le SARS-CoV-2. Il reste 69 millions de doses de vaccin à écouler, donc 900 000 doses bientôt périmées. Par ailleurs, 148 millions de doses vont être livrés d’ici l’an prochain, dont du Pfizer, du Moderna mais aussi d’autres vaccins pas encore autorisés sur le marché comme Sanofi et Valneva. Alors, il faut liquider les stocks !
Le Paxlovid® : cher et inutile
Le Paxlovid® a été commandé en masse, en toute confiance (comme les vaccins) : 500 000 doses pour 2022, pour la modique somme de 250 millions d’euros. Si on compte bien, ça nous fait 500 € la dose… Ce n’est pourtant pas le remède miracle, car les interactions médicamenteuses, bien connues, sont nombreuses. De plus ce médicament est destiné aux personnes fragiles. Or elles sont souvent déjà sous traitement… Donc rien d’étonnant à ce que, le 6 avril 2022, 4 400 doses seulement aient été écoulées (moins de 1% de la commande). Et puis comme un malheur n’arrive jamais seul, des scientifiques ont alerté sur un rebond de contagiosité des patients traités au Paxlovid®. Ce n’était pas prévu, au contraire. L’efficacité du Paxlovid® était estimée par le ministère à 85,2 %.
Parallèlement, aux États-Unis, la FDA a accordé au Paxlovid® de Pfizer une autorisation d’utilisation d’urgence en décembre 2021 et une commande de 5,29 milliards de dollars a été lancée en toute confiance. Joe Biden en a fait la promotion, mais la demande n’a pas été aussi forte que prévu et le Paxlovid® a finalement été jugé inefficace par la FDA. « Il n’y a pas de preuve de bénéfice à l’heure actuelle pour un traitement plus long … ou la répétition d’un traitement de Paxlovid chez les patients présentant des symptômes récurrents de covid-19 après la fin d’un traitement », a déclaré John Farley, directeur du Bureau des maladies infectieuses, de la FDA. La happy end est que le Paxlovid® a rapporté 1,5 milliard de dollars de ventes au premier trimestre à Pfizer et que la société prévoit des ventes mondiales de 22 milliards de dollars cette année pour un produit inefficace qui va finir dans les poubelles à la date de péremption.
Autres commandes inutiles (sauf pour les actionnaires)
GSK et son anticorps monoclonal Xevudy® (sotrovimab) n’a pas été oublié dans les commandes de l’État français. Il a eu une autorisation d’accès précoce et la France en a reçu 6 000 doses fin janvier. Mais quelle malchance ! Xevudy® a dû baisser les bras face au sous-variant BA.2 de Omicron.
Roche a fourni Ronapreve® (Casirivimab/imdevimab) à partir du 8 mars 2021. Depuis le début 5 564 ont été utilisés, mais à partir du 11 avril, plus rien, car face au Omicron, lui non plus ne sert à rien.
AstraZeneca a eu sa part de gâteau avec son Evusheld® (tixagevimab/cilgavimab). Il a reçu son autorisation d’accès précoce le 15 décembre 2021 et 21 564 demandes de ce médicament ont été satisfaites. Du 9 au 15 mai seulement 430 demandes ont été enregistrées. Ses 33 % d’efficacité expliquent sûrement cette désaffection. Face aux variants récalcitrants d’Omicron, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM), la Haute Autorité de Santé (HAS) et le Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) recommandent donc de doubler les doses.
Passons au Bamlanivimab® qui a déjà montré son inefficacité. Son autorisation d’urgence lui a été retirée. Ses cobayes ont été les malades et les gagnants sont le laboratoire Lilly et la famille Cazeneuve). Voir article.
Le 26 octobre 2021, le ministre de la Santé a annoncé avoir commandé 50 000 doses Molnupiravir® de Merck. Il lui a fallu faire vite pour la commande, car le 9 décembre 2021, faute d’efficacité, le Molnupiravir® a été refusé par la HAS fin 2021.
Les cabinets conseil font partie des gagnants
Dans le rapport de l’Assemblée sur la gestion de la crise sanitaire par le ministère des solidarités et de la santé, figure en annexe 4, la liste des dépenses en cabinets de conseil depuis le 10 février 2021, soit au total : 13 611 646 € TTC (dont 6 770 046 € TTC pour McKinsey & Orphoz et 4 766 738 € TTC pour Accenture).
Monkeypox : les affaires reprennent !
Si le vaccin contre le covid-19 a cessé de faire recette, le ministère de la Maladie vous propose le tout nouveau monkeypox ou variole du singe, transmise soit par des rongeurs, soit par des homosexuels mâles. Il n’y a pas de décès jusqu’à présent, mais sait-on jamais ! Comme pour le covid, les cas contacts doivent être signalés. Les bénéfices de cette surveillance sont de pouvoir mettre en place des mesures barrières dès le début de la fièvre (isolement, masque). Cas contact, personnel soignant pourront être vaccinés par un produit de 3e génération. Les enfants, eux, auront la chance de disposer de traitements antiviraux non évalués par la HAS mais avec une AMM.
Et c’est reparti pour un tour !
Jacqueline pour Le Média en 4-4-2.