par Éric Verhaeghe
Dans ce chapitre de mon livre sur la sécession, j’évoque la sécession culturelle, et notamment les meilleures façons de s’informer librement, sans passer par le prisme de la caste mondialisée et de ses sbires. J’y souligne l’importance de l’autonomie de la pensée face à la religion de l’hétéronomie défendue par des officines comme Conspiracy Watch. Le prochain chapitre sera consacré à la sécession fiscale. Il sera payant.
Dans mon Agenda du Chaos, j’ai documenté la question de l’hégémonie culturelle exercée par la caste mondialisée pour maintenir sa domination sociale et politique. J’y prétends que cette hégémonie, théorisée dans les années 1920 par le marxiste italien Gramsci, a connu une industrialisation sans égale dans l’histoire après la survenue de la crise de 2008 et en réaction à l’émergence des “nationalismes”, des “souverainismes” et des “populismes”. Je ne reviendrai donc pas sur les aspects théoriques de cette question.
Je souhaite ici me concentrer sur les aspects pratiques de l’émancipation culturelle par laquelle doit commencer toute sécession politique et dire comment concrètement la commencer et la réussir.
À quoi ressemble-t-on quand on a réussi sa sécession culturelle ?
J’imagine bien que, pour ceux qui découvrent le sujet de la sécession, cette question de la sécession culturelle est floue, un peu fumeuse même, alors qu’elle est primordiale. Pour dissiper tout malentendu et incompréhension sur ce qui va suivre, je prends donc le temps de bien préciser à quoi on reconnaît une personne qui a réussi sa sécession culturelle, car sans vision claire de l’objectif à atteindre, je pense qu’il n’y a pas de sécession politique possible.
La sécession culturelle poursuit un seul objectif : tendre à l’autonomie de la pensée et de la volonté, pour reprendre le langage d’Emmanuel Kant. Les survivalistes tendent à l’autonomie alimentaire, nous tendons à l’autonomie intellectuelle et spirituelle.
Je dis que nous y tendons, je ne dis pas que nous la pratiquons, parce qu’être autonome “dans sa tête” est un objectif ambitieux, qui, de mon point de vue, n’est jamais atteint ni complètement ni définitivement. À chaque instant, nous pouvons retomber dans un état de soumission idéologique ou cognitif, parfois par le fait d’une émotion, et nous pouvons perdre subrepticement la maîtrise de nous-mêmes et de nos décisions.
L’autonomie est donc un objectif qui se poursuit tout au long de la vie, par une quête, une discipline, un travail quotidien.
L’autonomie est un art de l’humilité : on n’est jamais assez autonome, on porte toujours en nous-mêmes trop de certitudes fournies par “l’extérieur”, en particulier par la matrice culturelle que la caste forge méthodiquement et dont elle nous abreuve pour nous dominer.
Réussir sa sécession culturelle ressemble donc à une utopie, à l’oeuvre d’une vie. Mais elle n’obéit pas une logique booléenne faite de 1 et de 0. Personne ne peut se prétendre totalement autonome psychiquement ni spirituellement, mais l’hétéronomie complète n’est pas un destin indépassable, comme aurait dit le vieux Kant. Autrement dit, on peut commencer à échapper raisonnablement à la domination culturelle et spirituelle de la caste par un travail assez simple et quotidien que ce chapitre entreprend de décrire.
Si vous suivez la méthode que je propose, vous vous apercevrez très vite, et de façon grandissante, que votre perception du monde change, et vous vous sentirez de plus en plus libre vis-à-vis des “impulsions” données par l’extérieur. Tout à coup, vous vous sentirez de moins en moins entourés par des hordes de complotistes, de “fachos”, de “réacs”, de cinglés en tous genres, et les premiers contours de l’illusion matricielle manufacturée par la caste vous apparaîtront.
Rompre la chaîne de l’interconnexion
Pour parvenir à des résultats rapides, il faut accepter de prendre une grande décision : rompre la chaîne de l’interconnexion.
Si cette expression vous paraît absconse, je vous conseille de lire les quelques pages de Klaus Schwab et de Thierry Malleret, dans leur Great Reset, sur “l’interconnexion” numérique. Elles y décrivent l’état d’abrutissement et de docilité produit par le matraquage numérique permanent. Dans la pratique, la force de la matrice mondialiste est de vous arracher à vos contacts locaux (vos voisins, votre famille, vos petits commerçants) pour vous placer dans un huis clos constant, pour ainsi dire sectaire, avec la caste.
Si vous vous laissez faire, du matin et au soir, et même la nuit (puisque des téléphones connectés vous donnent des conseils de sommeil…), vous pouvez vous trouver sous l’emprise ininterrompue de la caste. Concrètement, cela signifie que, dès le matin, votre téléphone vous adresse les informations triées sur le volet par Yahoo ou Google, et que votre poste de radio (ou votre téléviseur) commence la diffusion d’informations produites par le cartel de la presse subventionnée. Cette diffusion se fait en continu jusqu’à votre coucher.
Tous ces contenus dont vous êtes abreuvés en permanence sont évidemment fabriqués pour vous convaincre d’obéir, avec des “éléments de langage” qui déclinent un “narratif” taillé sur mesure pour vous faire admettre une illusion qui se substitue à la réalité.
Par exemple, ce mensonge industriel vous a expliqué que la vaccination permettait un retour à une vie normale, oubliant systématiquement de dire que, dans votre vie normale d’avant, vous n’aviez pas à présenter un QR-Code chaque fois que vous preniez un café, ce QR-Code servant à nourrir un immense espace de données opéré par l’Etat pour vous surveiller, au nom de votre protection bien entendu. Des gens qui se prennent très au sérieux et qui se croient très intelligents ont cru sans en démordre à cette fumisterie. Ils sont en réalité prisonniers de la secte mondialiste et de l’illusion qu’elle fabrique en permanence pour vous faire obéir à ses désirs, ses projets et ses intérêts, sans la moindre violence.
Pour échapper à cette emprise sectaire, il faut tout débrancher, et il faut le faire d’un coup d’un seul.
Le premier matin où vous le pratiquez, interdisez-vous de lire les actualités Google, Yahoo, les notifications envoyées par les journaux auxquels vous êtes abonnés, n’allumez pas votre poste de radio, n’allumez pas votre téléviseur. Prenez votre café en silence, et ne pensez à rien. Profitez simplement de la vie ordinaire : parlez à votre femme ou votre mari, à vos enfants, ne vous souciez plus du coronavirus, de la guerre en Ukraine, des dernières déclarations de Macron, et ouvrez les yeux en écoutant le chant des oiseaux dans les arbres si vous avez la chance d’en avoir autour de vous.
La question du désapprentissage
Si vous avez suivi mon conseil, vous venez brutalement de changer de vie, parce que vous avez débranché la perfusion qui permet à la caste mondialiste de vous distiller l’anesthésiant de la soumission.
Mais ce geste n’est qu’un commencement, et vous devez maintenant suivre un long chemin dont je vous ai déjà dit qu’il comporte souvent des haltes ou des étapes extrêmement agréables, mais qui n’aura jamais de fin.
Tout au long de ce voyage existentiel, vous aurez besoin de vous munir d’un outil indispensable que j’appelle le désapprentissage.
Dès la plus tendre enfance (surtout si vous êtes né en même temps qu’Internet se répandait), la caste vous a baigné dans une idéologie intolérante selon laquelle un certain nombre de comportements acquis et sectaires seraient des réflexes naturels obligatoires et incontestables. Cette idéologie est totalitaire au sens où elle décline la soumission dans tous les compartiments de la vie, même les plus inattendus.
Elle vous apprend par exemple que les humains forment une grande famille uniforme, où les Africains et quelques autres (comme les Musulmans) sont des victimes du méchant colonialisme blanc. Toute personne qui, aujourd’hui, s’autorise à nuancer cette vision, par exemple en soulignant que les plus grands esclavagistes étaient Africains et Musulmans, y compris jusqu’à la fin du dix-neuvième siècle, est immédiatement bannie et reléguée dans la “fachosphère”, ce qui rend sa fréquentation honteuse.
Ce réflexe de bannissement à l’égard de tout ce qui n’est pas dicté par la caste doit faire l’objet d’un désapprentissage d’autant plus patient que la caste n’a ménagé aucun effort pour déformer le psychisme des foules. Certains sont absolument convaincus que toute forme de divergence vis-à-vis du “narratif” propagé par le cartel des médias subventionnés à propos de l’Afrique et de la culpabilité du monde blanc est la marque d’une nostalgie pour Adolf Hitler.
J’insiste sur le caractère totalitaire de ces réflexes conditionnés et sur la difficulté de les débusquer complètement. Sur ce point, il faut féliciter le travail de l’Education Nationale qui a patiemment percolé dans le cerveau de nos enfants une multitude de comportements qui sont autant de préparatifs à l’obéissance. L’école publique, depuis plusieurs décennies, diffuse un enseignement fondé sur la répétition et l’imitation, qui sanctionne durement tout esprit de liberté et d’innovation (ce qu’on appelle l’esprit critique).
Le désapprentissage de ces déviances institutionnelles suppose un long travail qui peut se révéler angoissant pour certains, tant l’endoctrinement a été profond et robuste.
Revenir aux choses par le doute
Une bonne façon de désapprendre sans trop de douleur est de simplement ouvrir les yeux et de regarder les choses telles qu’elles sont.
Ce retour aux choses est toutefois beaucoup plus facile à proclamer qu’à pratiquer, car il suppose de mettre en parenthèses des prismes déformants à travers lesquels nous avons pris l’habitude d’observer le monde sans parfois être conscients de ces déformations. Sur ce point, il faut systématiquement se méfier des menteurs professionnels qui vous sortent des slogans d’autant plus trompeurs qu’ils ont l’apparence de la simplicité.
Nous nous souvenons tous de ces spots publicitaires financés par le gouvernement, chargés de nous convaincre de l’innocuité et des bienfaits de la vaccination contre le COVID, dont le slogan était : “Les chiffres, ça ne se discute pas”. On a évidemment envie d’y croire : les chiffres, ça permet de revenir aux choses. Mais les habitués de la politique se souviennent de cet autre gimmick, celui-là très vrai : “les chiffres, on leur fait dire ce qu’on veut”. La gestion du COVID l’a abondamment montré.
Dans ce cas d’espèce, la caste cherche de manière pour ainsi dire subliminale à vous faire croire qu’il suffit d’ouvrir les yeux pour constater les bienfaits du vaccin. En réalité, l’accès aux choses est beaucoup plus compliqué, mais l’enjeu est de vous faire prendre la propagande pour une vérité immédiate sans que vous exerciez le moindre esprit critique sur les approximations, les flous, parfois les mensonges grossiers qui sont servis au grand public à longueur de journée.
Le doute est un art qui ne s’improvise pas, et regarder la réalité sans prisme déformant est un exercice beaucoup plus exigeant qu’on ne le croit. Cela suppose de passer à travers la carapace de l’hégémonie culturelle exercée par la caste, et c’est tout sauf une promenade de santé compte du professionnalisme avec lequel cette hégémonie est déployée.
Mais tout n’est pas perdu !
Certains lecteurs se souviennent peut-être de la méthode proposée par René Descartes pour apprendre à douter. C’est le fameux “tabula rasa”, qui n’est autre qu’un désapprentissage rigoureux, exigeant, de ce que nous avons appris sur le monde et sur la réalité, pour accéder à une nouvelle connaissance des choses. Pour ceux qui aiment la langue du dix-septième siècle, la sécession culturelle peut être l’occasion de relire quelques pages du Discours de la Méthode ou des Méditations Métaphysiques, où Descartes décrit concrètement sa façon de douter.
Dans le premier chapitre de ce livre, j’ai précisé que la sécession politique était une pratique collective et non individuelle. Le sécession culturelle aussi !
Sans vouloir être pédant, je me permets de glisser aux lecteurs qu’un philosophe allemand du début du vingtième siècle, nommé Edmund Husserl, a largement enrichi le doute de Descartes en prônant son exercice collectif, ce qu’il appelait l’intersubjectivité. Selon Husserl, on pouvait accéder à la vérité des choses en “croisant” les perceptions subjectives de différentes personnes concernant un seul et même objet. Les personnes intéressées peuvent prendre le temps de lire les Méditations cartésiennes de Husserl (exposées en leur temps à la Sorbonne) pour approfondir la question.
On le voit, l’art du doute a occupé beaucoup de philosophes, et accéder à la vérité est toujours un exercice imparfait, qui suppose des débats et une vraie humilité, mais qui a de bonnes chances d’aboutir si on le pratique avec sérieux et rigueur. C’est ce qu’on a appelé la tolérance, une vertu combattue avec hargne par la caste mondialiste qui veut nous imposer une vision unique et unilatérale du monde.
Il y a une “leçon” à retenir de ces considérations sur le retour aux choses et sur le doute vital à entretenir vis-à-vis des discours délivrés en boucle par la caste et son cartel de médias subventionnés : il faut vous méfier des mensonges élaborés par l’idéologie officielle qui se présentent sous forme de vérité simple, et il faut toujours se souvenir qu’accéder à la simplicité des choses est, paradoxalement, une tâche ardue, compliquée, qui suppose beaucoup de force morale et d’indépendance d’esprit.
Comment s’informer de façon libre
Je vous ai conseillé d’arrêter sans délai votre addiction peut-être inconsciente au cartel des médias subventionnés qui distillent jour après jour le venin d’un “narratif” illusoire dont l’objet est d’endormir votre esprit critique.
Cela ne signifie pas que vous devez soudain arrêter de vous informer. Simplement, il faut que vous repreniez le contrôle de votre information, et que celle-ci devienne un espace choisi pour regarder les choses autrement.
Pour mener à bien cet objectif, nous avons la chance d’avoir Internet à notre disposition, qui propose quelques outils gratuits pour accéder à la connaissance au jour le jour en brisant les prismes déformants de la propagande. Parmi ces outils, je vous recommande tout particulièrement de vous équiper d’un agrégateur de flux RSS, qui va bouleverser du jour au lendemain votre manière de vous tenir au courant de l’actualité.
Il existe plusieurs outils de ce type sur le marché, avec des versions gratuites et des versions payantes. Pour ma part, j’utilise Feedly et Netvibes, selon les jours et les humeurs, même s’il est préférable de s’adapter à un seul outil dans le temps.
Grâce aux agrégateurs, vous pouvez choisir de vous informer selon les sujets qui vous intéressent.
Supposons que votre obsession soit de savoir ce qui se dit sur l’inflation, vous pouvez décider de réunir en temps réel, sur votre agrégateur, tous les articles du monde entier consacré à ce sujet, ou qui comporte ce sujet dans leur texte. Pour cela, l’agrégateur de flux vous propose de sélectionner tous les flux RSS qui en parlent, ou tous les articles que Google fait remonter sur ce sujet.
Les agrégateurs de flux permettent de suivre plusieurs sujets en même temps, et vous maîtrisez les contenus que vous y intégrez, pourvu qu’ils émanent de sites proposant un flux RSS.
Cela paraît technique au début, mais au bout de 15 ou 20 minutes d’utilisation, vous comprendrez parfaitement de quoi il s’agit, car c’est très intuitif.
Vous pouvez vous demander à quoi sert de disposer chaque jour de cent ou deux cents articles du monde entier sur l’inflation, quand vous peinez déjà à en lire un seul dans la journée. C’est dans cette évolution, pour ne pas dire rupture, que se situe la métamorphose démocratique de l’information proposée par Internet. Grâce à ces outils, vous pouvez, en ne lisant que la liste des titres, identifier facilement les médias qui n’ont pas travaillé et se sont contentés de bâtonner une dépêche d’agence (c’est-à-dire la republier en y changeant quelques mots à peine) et les médias qui effectuent un travail un peu plus poussé.
Grâce à cet outil, vous comprendrez l’intérêt d’une presse indépendante, comme le Courrier des Stratèges, financée par ses abonnés, qui ne vous propose pas chaque matin une resucée dogmatique et approximative de ce que vous avez lu partout, mais qui effectue un véritable travail éditorial avec un vrai recul critique. Surtout, la compilation de tous les articles français et internationaux sur un même sujet permet de cerner très vite, à la seule lecture des titres, ce que la caste qui possède les journaux subventionnés cherche à vous faire croire, et en quoi cela diffère de ce qui se passe vraiment.
Sur l’inflation, par exemple, il était très saisissant d’avoir vu, pendant dix-huit mois, la caste s’employer, en Europe, à expliquer qu’il s’agissait d’un phénomène transitoire aux USA qui avait peu de chance de nous atteindre, quand les medias américains avaient d’ores et déjà gravé dans le marbre que le phénomène serait durable, au moins tant que les taux directeurs de la Réserve Fédérale n’augmenteraient pas. Ce déni organisé de la caste en Europe s’explique par une série de raisons politiques, à commencer par la peur de voir les Etats réduire préventivement leurs dépenses publiques destinées officiellement à “protéger” la population contre le COVID, et source de profit sans limite, en réalité, pour les entreprises et surtout les actionnaires qui en bénéficiaient.
Mais je peux imaginer que cette compilation soit une préoccupation de spécialistes, et qu’elle ne réponde pas aux besoins ordinaires du citoyen honnête qui cherche juste à savoir ce qui se passe dans le monde sans passer par le tri préalable de la caste qui aime attirer l’attention sur des choses insignifiantes qui l’arrangent, et dissimuler des choses importantes (comme l’inflation) qui ne l’arrangent pas.
S’informer loyalement et ordinairement
Si votre préoccupation se résume (ce qui n’est déjà pas si mal) à vous informer loyalement sur l’état du monde, je vous conseille d’utiliser votre agrégateur de flux en réduisant son braquet, et en y rassemblant les publications que vous aimez : les tweets de vos influenceurs préférés, et les articles des sites qui vous inspirent confiance.
Cette technique vous fera gagner beaucoup de temps.
J’en profite pour donner quelques conseils sur le choix des medias indépendants que vous pouvez trouver sur le libre marché de l’information, car, comme vous, j’observe qu’on y lit souvent de tout, parfois du meilleur, souvent du pire, de façon non différenciée. Je suis souvent frappé de voir que des gens diplômés, éduqués, que j’estime, m’envoient des documents certes explosifs, qu’ils tiennent pour authentiques, mais qui ne résistent pas cinq minutes à un examen critique raisonnable.
Par exemple, à l’occasion des élections présidentielles de 2022, un hurluberlu a fabriqué de toutes pièces un faux article du journal Sud-Ouest affirmant que, au début du dépouillement du premier tour de 2017, c’est Jean Lassalle qui aurait dû figurer au second tour de l’époque, alors qu’il n’a obtenu finalement que 2% des voix. Il s’agissait d’une forgerie assez évidente, mais beaucoup de gens se sont laissés prendre au piège. D’autres m’ont beaucoup reproché de ne pas suffisamment annoncer que les sondages étaient truqués et que, à coup sûr, Eric Zemmour allait bénéficier d’un vote caché qui le propulserait au second tour. Tous ceux qui y croyaient avaient entendu des rumeurs assertives, indiscutables, sur la surprise qui se préparait.
Il existe des gens aveuglés par de fausses certitudes dans tous les partis, et la sécession culturelle consiste à recouvrer la vue, même parmi des gens que nous ressentons comme proches.
Pour ce faire, je vous donne un seul conseil, quelles que soient vos opinions : vérifiez toujours vous sources, au calme, et passez du temps à les recouper.
Une autre vérification, plus délicate et plus experte, est indispensable pour vous informer de façon fiable : demandez-vous toujours de quoi vivent les médias que vous suivez, et cherchez à trouver leurs sources de financement. Dans la pratique, un journaliste de qualité à temps plein coûte au minimum 50.000€ annuels charges comprises. Cela signifie qu’un média qui emploie trois journalistes à l’année, avec son infrastructure informatique, ne peut subvenir à ses charges avec moins de 200.000€ annuels. Il s’agit là d’un plancher.
Demandez-vous toujours comment un média parvient à trouver cet argent, surtout s’il est entièrement gratuit et ne demande aucun abonnement. Pour survivre, il a forcément besoin de financements externes, qui ont un impact direct sur sa ligne éditoriale : soit il fait de la publicité pour des annonceurs qui le brident, soit il est financé par des Soros, des Gates, des Mc Kinsey, et sa ligne éditoriale est faisandée. Ce me semble particulièrement vrai de publications qui “jouent” à l’opposition, et qui sont en réalité téléguidées par le pouvoir pour donner l’illusion que le débat démocratique existe, tout en le caricaturant et le discréditant.
Enfin, je vous conseille de vous intéresser de manière préférentielle aux sites qui s’attardent sur les signaux faibles de l’actualité, c’est-à-dire les petites informations qui passent inaperçues quand elles sortent, mais dont on peut penser qu’elles feront l’actualité quelques semaines ou quelques mois plus tard. Ce sont ces sites-là qui vous informent le mieux, et qui vous en apprendront le plus sur le monde contemporain.
Être autonome dans un monde héteronome
Si vous suivez ces conseils de façon sérieuse, il ne vous faudra pas plus d’un mois pour vous apercevoir que vous ne voyez plus le monde avec les mêmes yeux qu’avant. Si vous étiez auditeur de France Inter, vous allez même avoir le sentiment de vivre sur une autre planète, tant l’interruption de la propagande quotidienne outrancière et le recours à des sources indépendantes d’information vont modifier votre perception de la réalité.
Vous devez maintenant apprendre à vivre de manière intellectuellement autonome dans un monde où l’hétéronomie de la pensée est devenue un culte.
Cet apprentissage n’est pas toujours simple. Il suppose même des reins solides tant l’opprobre vous guettera dès que vous oserez faire part de votre recul critique (sans même oser une contestation ouverte) sur des théories binaires farfelues, comme celle où la gentille Ukraine démocratique serait la victime innocente d’un terrible bourreau réincarnant Hitler appelé Vladimir Poutine, celle où une chauve-souris aurait volé pendant 400 kilomètres pour mordre un pangolin qui aurait mordu un Chinois, ou encore celle, croustillante, selon laquelle une seule balle aurait tué Kennedy en le touchant sept fois de suite. Il suffit d’un mouvement léger de sourcil face à votre interlocuteur abonné à Libération et à Télérama qui débite ces âneries pour que vous soyez catalogué comme fasciste et complotiste.
Tout le monde a vécu ce moment difficile (mais, croyez-moi, c’était encore plus difficile il y a dix ans) où l’assistance composée d’amis, de proches, de collègues, de voisins, observe vos doutes et se met à penser que vous avez peut-être des drapeaux avec des croix gammées cachés dans vos armoires, ou des portraits de Pétain dans votre cave. Progressivement, vous allez devenir infréquentable et vous serez de moins en moins regardés, de moins en moins invités, de moins en moins salués.
C’est sur la peur de ce bannissement que la caste compte pour vous dissuader de douter.
Sur ce point, je sais que certains n’hésitent pas à pratiquer une sorte de Taqiya, de dissimulation islamique pour se fondre dans le paysage sans attirer l’attention. D’autres choisissent la provocation et affirment leurs opinions sans vergogne, parfois à tors et à travers.
Pour ma part, je préconise une voie intermédiaire, qui consiste à ne rien renier sans toutefois provoquer. Sur le fond, je sais que la secte des hétéronomes est sous emprise et qu’elle ne peut être convaincue par des voies rationnelles, tant que la propagande officielle fonctionne. En revanche, je ne veux pas donner le sentiment d’avoir honte de mes idées, ou de me rallier aux leurs.
Le silence comme arme de conviction
Je veux ici insister sur l’importance, sur la force, sur le poids du silence comme arme de conviction vis-à-vis de ceux qui nous provoquent en nous accusant d’être complotistes. J’avais cette discussion avec le patron d’un journal “complotiste” qui souffre beaucoup d’être banni (signe qu’il n’a pas, selon moi, réalisé sa sécession culturelle et qu’il est toujours dans la matrice, même s’il le nie). Ce patron me proposait de répondre à je ne sais quel fact-checking soutenant que moi ou le Courrier des Stratèges étions complotistes, proches de la fachosphère, “rouge brun” ont même prétendu certains.
J’ai toujours eu pour principe de ne pas répondre à ces attaques, et de leur opposer l’argument qu’elles méritent : un mépris absolu.
La mécanique de domination culturelle mise en place par la caste consiste en effet à se parer de la légitimité du Grand Inquisiteur qui dénonce les sorciers et les impies, et à intimer aux mécréants de se justifier devant la farce de tribunal constituée par les médias subventionnés. Accepter de se plier à l’exercice, c’est déjà mettre un doigt dans la soumission, et c’est déjà faire fonctionner leur machine à faire taire la liberté.
Lorsque les minables délateurs de Conspiracy Watch s’amusent à pourrir ma réputation avec des arguments dignes de Bouvard et Pécuchet, je ne réponds donc jamais, en partant du principe qu’ils me privent seulement de lecteurs médiocres que je préfère voir dans leurs rangs plutôt que dans les miens. Ceci n’exclut pas que, le moment venu, les esprits libres ne puissent procéder à l’épuration nécessaire pour neutraliser ces collaborateurs et zélateurs d’un système liberticide.
Mais chaque chose en son temps.
Dans tous les cas, il n’y a rien de pire que de vouloir se justifier devant des agents de police. Le silence est toujours beaucoup plus efficace, car il prouve au moins que vous n’avez rien à vous reprocher. Je préconise sur ce point une extension maximale du champ du silence, en procédant au boycotte général des médias cartellisés que je mets un point d’honneur à ne plus fréquenter.
Comprendre l’accusation de complotisme et y répondre
Je ne pouvais pas terminer ce chapitre sans vous donner quelques astuces pour faire face à l’accusation incessante de complotisme dont vous ferez immanquablement l’objet et qui, je le sais, gêne certains d’entre vous.
Il faut d’abord en comprendre l’origine. J’ai évoqué, dans le premier chapitre de ce livre, la question du curiaçage, c’est-à-dire la technique utilisée par la caste pour saucissonner, feuilletonner son projet liberticide en un nombre colossal de tranches fines qui vous donnent le sentiment que l’atteinte aux libertés est somme tout limitée et qu’elle est proportionnée à la situation.
Ce curiaçage explique l’accusation générale de complotisme. La caste craint tout particulièrement ceux qui décryptent chaque tranche de saucisson en reconstituant son projet fondateur. Pour maintenir les gens ordinaires dans l’illusion que tout cela est transitoire, que le glissement vers la dictature est un fantasme, qu’au fond tout va pour le mieux dans notre société, la caste dénonce le complotisme de ceux qui mettent au jour ses projets à long terme, comme l’identité numérique, la vaccination obligatoire ou la monnaie virtuelle contrôlée par les Etats selon une logique de crédit social.
Cette accusation de complotisme est vitale, car elle fait passer pour fous, ou pour dangereux, ceux qui recollent les tranches du saucisson pour en montrer l’unité.
Lorsque que quelqu’un m’accuse de complotisme, je ne perds donc jamais mon temps ni à me justifier, ni à expliquer ce qu’il n’a pas envie d’entendre. Je lui demande au contraire de m’exposer sa vision et, comme je connais plutôt bien mes dossiers, je mène face à lui un travail de crédibilité : factuellement, je souligne ses erreurs, ses lacunes, ses oublis et je lui oppose des faits incontestables rendus publics par la presse subventionnée qu’il ne connaît pas. Je prends bien soin de ne jamais citer d’informations tirées de medias qu’il contesterait, je m’appuie sur ses lectures à lui, ou sur celles qu’il reconnaît comme incontestables.
Je ne me fais aucune illusion sur cette technique. Je sais que je ne redonnerai pas la vue à quelqu’un devenu aveugle par choix. En revanche, je ruine son accusation de “complotisme”, car je ne mets en avant aucune affirmation qui ne repose pas sur des faits précis et incontestés.
Demeurer rigoureusement dans la rationalité, savoir de quoi on parle, opposer des faits à des accusations sans fondement, c’est un travail de longue haleine qui ne portera ses fruits que dans la durée.
Je recommande à tous de le mener avec humilité.