Selon un rapport de Defense News, une initiative américano-européenne est envisagée en vue d’intégrer la prise de décision stratégique et militaire. Ce qui est en train d’être négocié est « un document clé sur leur relation de défense, un arrangement dit administratif entre le Département de la défense des États-Unis et l’Agence européenne de défense ».
Cette initiative, discutée pour la première fois en décembre 2021, doit être négociée en dehors de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).
Defense News décrit les États-Unis et l’Union européenne comme « deux acteurs mondiaux« , soulignant la coordination de leurs efforts de défense respectifs dans un cadre plus large (qui pourrait inclure les affaires économiques connexes, y compris les sanctions).
Ce partenariat nécessiterait également l’approbation de tous les États membres de l’UE, y compris ceux qui ne sont pas membres de l’OTAN (Autriche, Chypre, Finlande, Irlande, Malte et Suède).
Comment la souveraineté nationale serait-elle affectée ?
Il est important de noter que l’accord exclurait également les États membres de l’OTAN qui ne sont pas membres de l’UE. Cela concerne plus particulièrement la Turquie, un poids lourd de l’OTAN qui a conclu un accord bilatéral de coopération militaire avec la Russie. Cette relation contradictoire (alliance croisée) est une source évidente de division et de conflit au sein de l’OTAN.
(Les pays non européens membres de l’OTAN sont l’Albanie, le Canada, l’Islande, le Monténégro, la Macédoine du Nord, la Norvège, la Turquie, le Royaume-Uni et les États-Unis).
À ce stade, le ministère américain de la Défense (Defense Department) ne dirige pas cette initiative. Du côté américain, c’est le secrétaire d’État Antony Blinken et son homologue européen Josep Borrell, haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.
Cette initiative va-t-elle dans le sens d’un processus plus large d’ »intégration politique » occidentale entre l’Amérique du Nord et l’UE, au-delà du domaine des affaires militaires et stratégiques ?
Comment la souveraineté nationale des 27 États membres de l’Union européenne sera-t-elle affectée ? Sont-ils destinés à être insérés dans une camisole de force politique et économique transatlantique (Amérique du Nord – UE) plus large ?
S’agit-il d’un processus hégémonique de « colonisation » américaine et de disparition du « projet européen » ?
« L’événement est destiné à ouvrir un canal transatlantique supplémentaire sur les questions de sécurité et à compléter les communications similaires qui ont déjà lieu via l’OTAN, ont déclaré des responsables. Le fait de disposer d’un tel forum spécifiquement destiné à l’Union européenne, dont l’esprit est tourné vers le commerce, dynamiserait les ambitions de défense de l’Union et signalerait le lien entre Washington et le continent à un autre niveau, selon l’idée reçue. » (« First Ever Defense Talks Between US, EU Near Amid Ukraine War », Defense News)
Comment cette nouvelle relation « transatlantique » affectera-t-elle l’OTAN ? Le Traité de l’Atlantique Nord (14 articles) signé à Washington D.C. le 4 avril 1949 est-il « obsolète » ?
Ce qui est également en jeu, c’est la question de l’intégration du complexe militaro-industriel entre les États-Unis et l’Union européenne.
Le pacte permettrait des interactions de routine entre les institutions américaines et européennes sur les questions de défense et ouvrirait la porte aux entrepreneurs de défense américains pour participer aux dépenses de défense croissantes du bloc sous certaines conditions. Defense News)
Michel Chossudovsky
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À propos de l’auteur
Michel Chossudovsky est un auteur primé, professeur d’économie (émérite) à l’Université d’Ottawa, fondateur et directeur du Centre de recherche sur la mondialisation (CRM), Montréal, rédacteur en chef de Global Research.
Il a entrepris des recherches sur le terrain en Amérique latine, en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique subsaharienne et dans le Pacifique et a beaucoup écrit sur les économies des pays en développement en mettant l’accent sur la pauvreté et les inégalités sociales. Il a également entrepris des recherches en économie de la santé (Commission économique des Nations Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPA), FNUAP, ACDI, OMS, gouvernement du Venezuela, John Hopkins International Journal of Health Services (1979, 1983)
Il est l’auteur de douze livres dont The Globalization of Poverty et The New World Order (2003) – La mondialisation de la pauvreté, America’s « War on Terrorism » (2005) – Guerre et Mondialisation, The Globalization of War, America’s Long War against Humanity (2015).
Il collabore à l’Encyclopédie Britannica. Ses écrits ont été publiés dans plus de vingt langues. En 2014, il a reçu la médaille d’or du mérite de la République de Serbie pour ses écrits sur la guerre d’agression de l’OTAN contre la Yougoslavie. On peut le joindre à
Voir en anglais : Michel Chossudovsky, Notice biographique
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