Le monde de l’acrobatie compte une nouvelle figure d’importance : Emmanuel Macron, l’actuel locataire de l’Élysée, vient en effet de réaliser une cascade particulièrement osée, un salto arrière carpé doublé d’un 180° virevoltant afin de … relancer le nucléaire.
Eh oui, le cru de la COP28 de cette année promet d’être franchement charpenté : après des années d’atermoiements, de pleurnicheries sur l’avenir de la planète et sur l’indispensable nécessité de planter des moulins à vent et des miroirs magiques un peu partout, voilà qu’une majorité de dirigeants mondiaux, confrontés aux rendements anecdotiques de ces technologies, se retrouvent à présent à pousser l’énergie nucléaire : c’est ainsi qu’une une vingtaine de pays ont appelé à tripler les capacités de l’énergie nucléaire dans le monde d’ici 2050, par rapport à 2020.
On attend donc avec une certaine gourmandise que ces déclarations grandiloquentes se traduisent par des actes et des projets politiques concrets que notre président s’empressera de présenter devant le peuple : après tout, si l’on doit tripler la capacité nucléaire du monde, la France doit faire sa part et devrait donc, en toute logique, construire sur son territoire de nombreux nouveaux réacteurs. Évidemment, après les petites envolées lyriques du frétillant Macron sur Fessenheim, le virage intégral promet quelques moments croustillants et les têtes révulsées et apoplectiques des militants écolo-hystérique du pays promettent de fournir une grosse cargaison de support mémétique .
Et à propos de virage, cette COP28 est aussi l’occasion pour le même Macron d’en réclamer un concernant le charbon : que voulez-vous, c’est cracra, cette source d’énergie, et il faudrait vraiment songer à ne plus l’utiliser.
Certes, mais à qui donc s’adresse le président français ? Certainement pas aux Français qui n’utilisent quasiment pas le charbon, mais plutôt aux Chinois, de loin les plus gros consommateurs de charbon dans le monde : selon le BP Statistical Review of World Energy, ils comptent pour 51,7% de la consommation mondiale de charbon en 2019, suivis par l’Inde (11,8%) et les États-Unis (7,2%).
Dès lors, on peut s’interroger sur la portée réelle des exhortations de Macron, président d’un pays en perte de vitesse sur à peu près tous les sujets (sauf l’imposition de ses contribuables, hein), et ce alors qu’il ne peut même pas faire valoir une quelconque constance dans ses avis, ses projets ou ses dispositions.
En outre, Macron semble un peu oublier que la Chine consomme tout ce charbon pour ses besoins énergétiques gigantesques et notamment lorsqu’elle fait tourner ses usines qui fabriquent les panneaux solaires, les éoliennes, les batteries et les véhicules électriques que le même freluquet pousse à utiliser partout chez nous et en Europe. L’incohérence d’ensemble (appelée État stratège, n’est-ce pas) étant devenu une marque de fabrique macronienne, elle n’étonnera que les plus endoctrinés.
Et si l’on peut malgré tout se réjouir que cette COP28 marque enfin un vague retour au bon sens de certains dirigeants qui comprennent l’absurdité des solutions écologiques “alternatives”, intermittentes et économiquement désastreuses au nucléaire, au pétrole et au charbon, on doit rappeler que ce genre de raouts internationaux ne sont que des spectacles hypocrites proposés par des brochettes de clowns se déplaçant en jet qui crament des tonnes de kérozène pour aller à Dubaï, c’est-à-dire un endroit climatisé et refroidit à grand coup d’énergies fossiles, clowns qui essaient ensuite de nous expliquer comment nous passer de climatisation et de voyages en avion.
D’ailleurs, puisqu’on parle de supprimer les voyages en avion, comment ne pas rappeler le cas (clinique, pour ainsi dire) de Jean-Marc Jancovici qui, récemment, voulait tendrement nous assigner à résidence pour le bien de la planète (un peu) et de son porte-monnaie perso (surtout) via des conférences sur l’énergie à la clef, en limitant de façon arbitraire et ridiculement basse le nombre de vols aériens autorisés par personne dans une vie.
De façon coïncidente, le même verdolâtre vient de nous infliger une nouvelle réflexion, cette fois-ci sur les animaux de compagnie, estimant à tort qu’ils avaient un impact sur le climat. Harpant sur le fait (sans intérêt pour le climat, du reste) qu’un chien représenterait 1 tonne de CO2 (et 12.5 grammes de poudre de perlimpinpin, selon les calculs précis du laboratoire Jancobobar) soit 10% de l’empreinte carbone d’un Français, il en conclut qu’il faudrait tout faire pour se passer d’eux.
Après l’interdiction larvée des voyages aériens (puis de tout voyage, hein, après tout, quel besoin d’aller plus loin que le département ?), après la volonté de masquer les animaux d’élevage, on sent nettement poindre l’envie d’interdire les animaux de compagnie qui mangent, qui occupent de la place et qui pètent sans arrêt.
Finalement, c’est toujours la même chose avec l’écologie punitive : d’abord on calcule tout, on mesure, on vérifie ce qui dépasse et ce qui rentre dans les bonnes cases. Tout doit être connu, compté, avec cette précision que le ridicule ne peut jamais atteindre. Une fois les calculs faits, inévitablement, on commence à limiter, à restreindre pour qu’enfin, les observations rentrent dans les prévisions, qu’enfin la réalité se plie aux plans (quinquennaux). Le côté soviétique n’est pas fortuit : c’est la même pensée mécaniste, collectiviste et anti-humaniste qui est à l’œuvre.
L’étape ultime est bien sûr atteinte lorsqu’on commence à interdire et à punir ceux qui ont bravé les interdictions en leur donnant ensuite le choix entre le goulag ou le plomb.
On pourra cependant faire remarquer à Jancovici que l’Humanité se tournant vers le nucléaire et abandonnant le charbon (notamment chez les plus gros consommateurs), les efforts punitifs des Français en terme de voyages et d’animaux domestiques seront (en plus d’êtres nanométriques) parfaitement inutiles. Il devrait donc garder ses bonnes idées et se les appliquer soigneusement, ce qui lui interdira tout voyage en dehors des frontières française, le brave écolo ayant déjà amplement dépassé son quota personnel de délires carbonés en avion.