L’entrée de la Finlande dans l’OTAN ne fut effectivement qu’un pas, formel en soi, mais lourd de conséquences, sachant qu’il ne peut y avoir d’entrée dans le bras armé de la globalisation sans soumission totale aux Etats-Unis. La Finlande et les Etats-Unis viennent de signer un accord de coopération militaire, selon lequel la Finlande abandonne l’intégralité de son territoire aux Etats-Unis sur le plan militaire.Ce qui ne va pas non plus rester sans réaction. L’escalade vers la confrontation avec la Russie continue. Les autorités locales, se souviennent-elles qu’elles ont perdu toutes les guerres menées contre la Russie ?
La voie de la soumission et du renoncement ne peut avoir d’autres fins, que la disparition du sujet dominé, ou du sujet dominant. Après l’intégration régulière de la Finlande dans l’OTAN, en violation des engagements de neutralité pris après la Seconde Guerre mondiale en contre-partie d’une non-responsabilité pour avoir soutenu l’effort de guerre des nazis, en toute logique, la Finlande va jusqu’au bout et signe un accord de coopération militaire (DCA) avec les Etats-Unis, qui est le résultat d’un long et patient travail de la société finlandaise par les Américains depuis la chute de l’URSS.
A l’été 2022, la Finlande prend deux décisions majeures, par lesquelles elle renonce non seulement à sa neutralité, mais en réalité à ce qui lui restait de souveraineté. Le 5 juillet 2022, les autorités finlandaises signent le protocole d’accession à l’Alliance. Pour finir par devenir membre le 4 juillet 2023. Ensuite, en août 2022, la Finlande décide d’ouvrir officiellement les négociations sur un Accord de coopération en matière militaire avec les Etats-Unis. Les choses vont très vite, il est conclu en octobre 2023 et le 27 novembre, pure formalité, le Président et le Comité ministériel des affaires étrangères et de la sécurité se sont prononcés favorablement.
Or, les dispositions de cet Accord ne sont pas anodines :
Le DCA traite de questions telles que l’accès et l’utilisation des installations et des zones convenues par les États-Unis ; prépositionnement d’équipements, de fournitures et de matériel de défense sur le territoire de la Finlande ; l’entrée et le mouvement des avions, navires et véhicules américains ; assurer la protection, la sûreté et la sécurité des forces américaines, ainsi que des installations et des zones qu’elles utilisent ; juridiction pénale; et diverses questions pratiques, liées aux activités des forces américaines sur le territoire finlandais. Les installations et zones convenues sont énumérées dans une annexe à l’accord. La Finlande autorisera les États-Unis à accéder sans entrave et à utiliser les installations et zones convenues pour les activités énumérées dans le DCA.
Cela correspond concrètement à l’accès de l’armée américaine à 15 zones militarisées en Finlande :
Selon le document publié, l’armée américaine disposera de 15 installations, dont quatre bases aériennes, une base navale, cinq installations de stockage militaires, ainsi que le siège du service frontalier à Ivalo.
Les autorités finlandaises justifient cet Accord pour des raisons de sécurité et le placent dans la suite logique de l’entrée de la Finlande dans l’OTAN. Toutes les mauvaises décisions politiques doivent avoir de « bonnes raisons », et plus les décisions sont mauvaises, plus les raisons affichées se doivent d’être bonnes :
Le DCA renforcera la défense finlandaise, car il permettra la présence et l’entraînement des forces américaines ainsi que le prépositionnement de matériel de défense sur le territoire finlandais. De cette manière, il soutiendra également la mise en œuvre des mesures de dissuasion et de défense de l’OTAN.
En quoi « l’entraînement des forces américaines » permet de renforcer la sécurité, non pas des Etats-Unis, mais de la Finlande, cela reste un mystère de la politique globaliste …
En soi, ces dispositions sont déjà inquiétantes, pour la stabilité du pays, qui prend en charge la présence militaire américaine, sans aucune contre-partie et en perdant la juridiction pénale. Mais la Finlande perd également le contrôle de son territoire, elle perd donc une partie essentielle de sa souveraineté – et donc de son étaticité. Car l’interdiction de limiter l’accès de l’armée américaine au territoire finlandais ne se limite pas aux 15 zones précisées, elle concerne l’ensemble du territoire national, indépendamment des lieux, où sont installées les infrastructures militaires américaines dans le pays.
La Finlande autorisera les États-Unis à accéder sans entrave et à utiliser les installations et zones convenues pour les activités énumérées dans le DCA. En règle générale, la coopération entre la Finlande et les États-Unis se concentrera sur les installations et les domaines convenus. Toutefois, le DCA s’appliquera à l’ensemble du territoire finlandais.
Comment des autorités nationales, peuvent-elles prendre de telles décisions ? Comment un Etat peut-il volontairement se suicider ? L’on a beau parler du remplacement progressif des élites nationales, de leur dégradation autant que de l’abrutissement des populations nationales afin de permettre de faire passer ces politiques, autrement impossibles, assister à un suicide en direct est toujours impressionnant.
De son côté, Vladimir Poutine, regrettant la décision de la Finlande de revenir sur sa neutralité, annonce, en toute logique, un renforcement militaire russe à la frontière finlandaise.
Les pays, qui n’ont pas de tradition de gouvernance souveraine, comme la Finlande, ont toujours tendance à avoir des maîtres. Souvenons-nous que la Finlande, dès la fin de la féodalité, a été annexée par la Suède, dont elle était une colonie. Après la guerre russo-suédoise de 1808-1809 et la défaite de la Suède face à la Russie, la Finlande passe de l’Empire suédois à l’Empire russe, sous la forme d’un Grand-Duché, et ce, jusqu’à la chute de l’Union soviétique en 1917. L’on notera également la constance de la politique finlandaise : lors de la Première Guerre mondiale, elle est du côté des Allemands, où elle envoie des « volontaires » contre les pays européens et la Russie ; lors de la Seconde Guerre mondiale, sa loyauté au nazisme n’a aucune limite. Elle a finalement beaucoup de choses en commun avec l’Ukraine, il est logique qu’elle soit également instrumentalisée par l’OTAN.
PS : L’on comprend mieux le besoin urgent de fermer les frontières (atlantistes) avec la Russie …
Karine Bechet-Golovko