« Le thorium est une réponse concrète aux critiques du nucléaire actuel. Déjà testé en Chine et en Inde, ce nucléaire propre doit être intégré aux débats politiques et être mieux connu par le public.
La catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima, au Japon, a mis une pression immense sur les pays producteurs d’énergie nucléaire. Face aux craintes de leurs populations, certains gouvernements ont pris la décision d’arrêter et de démanteler, dans un avenir proche, leurs centrales nucléaires existantes, ainsi que d’écarter la filière nucléaire de leur politique énergétique future.
Ces décisions arrivent dans un contexte de réduction de la disponibilité des énergies fossiles et de volonté politique de diminution de la production des gaz à effet de serre. Un vrai dilemme. Les énergies renouvelables comme le solaire ou l’éolien ne sont pas encore capables de prendre le relais du nucléaire. Viennent encore se greffer sur la problématique des questions relatives à l’indépendance énergétique et du coût de l’énergie.
Les idées préconçues et l’émotionnel s’immiscent également dans le débat, compliquant encore les débats. C’est le mot » nucléaire » qui fait peur. Mais au-delà des émotions, on aperçoit d’autres solutions, nucléaires elles aussi, révolutionnaires et pourtant déjà largement testées, et qui permettraient de régler les deux principaux reproches faits aux centrales actuelles : la sécurité et les déchets. Il s’agit d’une idée développée dans les années 50 à 70, puis perfectionnée dans les années 90 : les centrales fonctionnant au thorium et non pas à l’uranium ou au plutonium. C’est une réponse concrète aux critiques du nucléaire actuel.
Le thorium est un élément chimique, un métal de la famille des actinides, qui a été découvert en 1829 par Jöns Jacob Berzelius et nommé d’après Thor, dieu scandinave du tonnerre. Comme combustible nucléaire, il a un énorme potentiel, combiné à divers types de réacteurs : réacteur nucléaire piloté par accélérateur, réacteur à sel fondu, réacteur à haute température HTR, etc.
Plusieurs gouvernements s’y intéressent de près. L’inde et la Chine ont entrepris de développer des centrales au thorium à l’échelle industrielle. Si cette technologie est encore méconnue du grand public, il est cependant indispensable qu’elle soit intégrée au débat. Elle présente trop d’avantages pour être ignorée. Il est indispensable que les politiciens, tout comme les citoyens, aient connaissance de cette technologie.
Le livre de Jean-Christophe de Mestral, « L’Atome vert – Le thorium, un nucléaire pour le développement durable« , présente de manière accessible cette voie prometteuse à de nombreux égards. »
La Chine lance son premier réacteur nucléaire au thorium à sels fondus
Il s’agit peut-être d’une révolution dans le domaine de l’énergie nucléaire civile. La Chine a en effet choisi d’installer son premier réacteur nucléaire au thorium à sels fondus, en plein désert de Gobi, à 110 kilomètres de Wuwei, pour un investissement de plus de 535 millions d’euros.
Défi technologique
Le thorium est loin d’être une nouvelle découverte. Ce métal argenté que l’on trouve souvent dans les roches ignées et les sables à minéraux lourds est connu depuis presque deux siècles. Son nom proviendrait de « Thor », dieu du Tonnerre dans la mythologie nordique.
La Chine n’est pas la première à construire un réacteur au thorium, mais aucune tentative n’avait jusque-là dépassé le stade expérimental. Si ce projet de réacteur au thorium a été lancé il y a plus de dix ans, les travaux ont démarré en 2018. À l’issue des travaux, l’autorité chinoise de surveillance de l’environnement a dû procéder à plusieurs inspections afin de garantir la sécurité de l’exploitation.
Si les premiers essais sont concluants, la Chine prévoit d’en construire des centaines dans tout le pays tout en exportant cette technologie, notamment dans les pays du Sud.
Le thorium, une énergie nucléaire « verte » ?
Ces nouveaux réacteurs n’ont pas besoin d’être construits en bord de mer et peuvent atteindre des températures très élevées, augmentant considérablement l’efficacité de la production d’électricité.
Le thorium, qui sert de combustible et de réfrigérant, est faiblement radioactif et n’est dangereux que s’il est inhalé ou ingéré en grandes quantités. Il produit peu de déchets, reviendrait environ 350 fois moins cher au mégawattheure électrique produit et il est trois à quatre fois plus présent dans notre environnement.
On en trouve en effet partout, dans toutes les régions du globe. Selon le South China Morning Post, « la Chine possède l’une des plus grandes réserves de thorium au monde. La taille exacte de ces réserves n’a pas été rendue publique, mais on estime qu’elle est suffisante pour répondre aux besoins énergétiques totaux du pays pendant plus de 20.000 ans. » La France, de son côté, en possède en Bretagne, suffisamment pour alimenter en énergie toute sa population pendant 190 années.
« Du fait de son abondance et de sa capacité à produire des matières fissiles, le thorium pourrait offrir une solution à long terme pour répondre aux besoins énergétiques mondiaux », explique Kailash Agarwal, spécialiste des installations du cycle du combustible nucléaire à l’AIEA. Il reste cependant coûteux et difficile à extraire.