Plus d’un million de Gazaouis sont priés de partir. Cela veut dire abandonner une maison, des biens et commodités pour aller au sud de la bande de Gaza ou en Égypte. Plus d’eau, plus d’électricité, plus de nourriture, et presque plus de moyens de se soigner. L’eau potable s’épuise dans la bande de Gaza, vu que l’usine d’eau et les réseaux publics d’alimentation ont cessé de fonctionner.
Aucune population civile ne devrait être soumise à autant de cruauté. Je ne m’étendrais pas sur les circonstances ayant amené ce crime contre l’humanité. Il est de moins en moins plausible que le Hamas ait pu déclencher son attaque sans que le gouvernement israélien ne le sache. Donc, une des questions primordiales est : pourquoi Benjamin Netanyahu a-t-il laissé mourir plus de 1 300 de ses concitoyens ?
Il appartient, comme d’autres au sein de l’UE, aux USA et dans bon nombre de pays, à la classe politique qui souffle sur les braises afin d’attiser la haine et la guerre entre les peuples. Le problème réside aussi, malheureusement, à la horde de chefaillons déguisée en intellectuels et omniprésente dans nos sociétés qui, trop content d’exacerber sa rancœur accumulée depuis tant d’années, propage avec ferveur et empressement la doxa gouvernementale du « camp du bien » contre le « camp du mal ».
Comme dans la crise Covid, l’empressement d’une majorité de la population à se mettre au garde-à-vous sans discernement ni analyse fait froid dans le dos.
Il est consternant que la majorité de braves gens ne s’occupe, bien trop souvent, que de leur pré-carré au mépris de ce qui se passe aux quatre coins de la planète. Pourtant, on ne peut pas comprendre la politique intérieure de la France si on ne s’intéresse pas à la politique internationale.
Il est difficile de comprendre que les gouvernants sont, bien trop souvent, aux antipodes de l’altruisme. Cela réside dans le fait de ne pas arriver à confronter le mal. Faire face à la destruction est difficile pour tout un chacun. Le point de bascule apparaît quand, à force de bourrage de crâne et de propagande médiatique de guerre, le citoyen lambda se met à haïr son voisin et se déclare prêt à guerroyer. Le passé récent est là pour nous le rappeler. En 1914, les Français sont partis la fleur au fusil pour aller bouffer du « Boche ou du pur contre l’impur ». La grande boucherie qui s’en est suivi en a fait déchanter plus d’un.
Les minorités au pouvoir dans beaucoup de pays obéissent à une oligarchie financière mondiale apatride qui se frotte les mains. Encore plus de guerre, c’est encore plus d’armes vendues, et encore plus de bénéfices engrangés. Comme écrivait Paul Valéry : « La guerre, c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas. »… « Toutes les guerres depuis des siècles ont été des guerres de luxe, c’est-à-dire des guerres dont l’idée génératrice était purement imaginaire, formée par quelques-uns et non par un besoin réel de la majorité, – et dont les bénéfices n’ont été qu’à une minorité – ; ces quelques-uns n’étant pas tous du peuple vainqueur »… « Les guerres modernes, sont des luttes de minorités effectuées par leurs majorités qui n’en ont ni les raisons ni les avantages. Les idées ou sentiments des uns, la vie des autres. »… « Je vais vous expliquer ce que c’est que la guerre. Deux “nations” – deux mythes -, etc. Mais en réalité des millions de gens qui s’ignorent entre eux dans chacune, au même ou presque même degré qu’ils s’ignorent sans l’une et l’autre quantité mêlées. Mêlez ces gens, – alors à un signal (par qui, pour quoi donné, et pourquoi obéi ?) – et tous ces gens-là entrent en transe d’obéissance et n’en est qu’un sur 100 000, dans l’un et l’autre camp, qui ne soit pas dans son fond bouleversé, accablé, ruiné, ahuri, etc. »
« Par qui, pour quoi donné, et pourquoi obéi ? » Nous avons la réponse à cette question que se posait Paul Valéry. La majorité au pouvoir dans beaucoup de pays ne dénoncera jamais les véritables commanditaires des guerres, car elle obéit aveuglément à des maîtres fous. Dénoncer les crimes de guerre est nécessaire, peu importe le camp. Mais au-delà de cela, il est temps de réaliser que bien trop souvent, ceux qui nous gouvernent ne nous veulent pas du bien.
La paix peut régner entre les peuples à condition de comprendre si on a affaire à un gouvernement destructif ou constructif. L’oligarchie mondiale financière apatride est identifiée, coupable et mérite d’être jugée ainsi que leurs valets félons semant la mort et la destruction.
Il est plus que temps de parler de paix et d’arrêter des ripostes sur des collectivités dont le seul défaut est d’exister.
Claude Janvier
Écrivain, essayiste. Nouveau livre : Les démasqués, Qui dirige réellement le monde ? KA Éditions.