Condamné en première instance et en appel pour « injures publiques » au président de la République, Michel-Ange Flori s’était pourvu en cassation. Emmanuel Macron et les tribunaux l’ont poursuivi jusqu’en appel. La condamnation a paradoxalement prouvé le bien-fondé de Michel-Ange Flori, puisque jamais Hitler et Pétain, auxquels Emmanuel Macron était comparé, n’auraient permis la critique. La cour de Cassation, elle, a jugé que l’humour était légal. Un petit pas dans la jurisprudence, mais un grand pas pour la liberté d’expression.
Rappelons-nous
C’était le 12 juillet 2021. Les Français partaient en vacances et leur président avait décidé depuis le début de l’année de bien les emmerder (selon ses termes). Les prenant par surprise, alors que leurs locations d’été avaient été réservées, il leur annonçait qu’ils devaient posséder un passeport sanitaire pour passer les frontières, entrer dans les lieux de loisirs et de culture. Ensuite, en août, le pass sanitaire devait s’étendre aux cafés, restaurants, centres commerciaux, hôpitaux, maisons de retraite, établissements médico-sociaux et transports de longue distance.
Le 19 juillet 2021, après le discours du président, Michel-Ange Flori avait affiché, sur un panneau dont il est propriétaire, Emmanuel Macron avec une petite moustache et en uniforme nazi, avec ce slogan : « Obéis, fais-toi vacciner ! » et la mention « affichage satirique et parodique ». Un mois plus tard, alors qu’une enquête avait été ouverte pour cette affiche, Michel-Ange Flori en avait publié une autre où Emmanuel Macron apparaissait au côté du maréchal Pétain, coiffé du même képi, sur fond de QR code, avec ce jeu de mots : « Il n’y a qu’un pass à franchir. »
Le délit d’offense au chef de l’État ayant été aboli en 2013, l’outrage à personne dépositaire de l’autorité publique l’a remplacé. De plus, comme tout citoyen, le chef de l’État est protégé de l’injure et de la diffamation publique. Quand les médias sont exclusivement détenus par des milliardaires et la liberté de la presse s’est fait la malle, la critique et l’humour ont-ils encore le droit de cité ? La cour de Cassation a répondu oui.