Retrouver dans cet article plusieurs outils de formation pour intégrer cet art et créer un cadre avec vos collaborateurs de qualité.
Si le modèle pyramidal s’est longtemps imposé comme une référence en matière de management des entreprises, la gouvernance partagée ouvre une nouvelle voie. Loin d’être une solution toute faite, celle-ci incarne une autre approche de la responsabilité, en replaçant chaque individu au cœur du processus de décision. Définissons les contours de cette philosophie, déjà en œuvre depuis plusieurs décennies.
Gouvernance partagée : définition
Commençons par le début : qu’entend-on par gouvernance ? On pourrait simplement définir ce terme comme le protocole encadrant la prise de décision et les actions à mener au sein d’une organisation (entreprise, association…).
Or, l’idée de gouverner suggère classiquement une hiérarchie rigide extrêmement codifiée, faite de rapports dominant-dominé. Dans un modèle top-down, ou décisionnel, toutes les décisions émanent du haut de la pyramide, et « retombent » sur les couches inférieures qui les appliquent.
La gouvernance partagée bouleverse cette structure traditionnelle. Pour la première fois, le pouvoir est redistribué et partagé entre tous les acteurs de l’entreprise. En d’autres termes, « personne n’a de pouvoir sur personne ». Un credo qui s’applique tant en termes explicites (dans l’organigramme) qu’implicites (jeux d’influence, manipulations…).
La porte ouverte à la confusion ? Absolument pas. Tout le monde ne décide pas de tout, et tout le monde ne fait pas ce qu’il veut. Les règles gouvernant l’entreprise sont clairement définies. Simplement, elles sont codécidées et se veulent les moins contraignantes possible, afin de laisser le maximum de latitude à chacun pour qu’il puisse pleinement exercer son rôle. Une vraie école du « faire ensemble ».
Gouvernance partagée en entreprise : les principes de base
L’instauration d’un modèle de gouvernance partagée dans le monde de l’entreprise se compare à la construction d’une maison : des briques pour soutenir l’édifice, et un ciment pour le consolider durablement. À partir de ces grands principes, chaque organisation trace sa propre voie. Elle peut également suivre un modèle de gouvernance précis (sociocratie, holacratie…) selon sa vision et ses besoins.
Les clés de la gouvernance partagée : les briques
Selon Bertrand Michotte, les six briques de base se définissent comme suit :
- La force du « Nous » : souder et fédérer le collectif constitue la règle d’or. Cela signifie entre autres la fin des non-dits, des clans et des égos, pour avancer ensemble vers un but commun.
- La souveraineté des individus : parler au nom du « Nous » ne signifie pas renoncer au « Je ». Au contraire, chaque personne est libre d’exprimer son point de vue en partageant sa conviction avec le reste du groupe.
- La délimitation des rôles : chaque individu exerce son autorité dans un périmètre bien délimité, le « rôle ». Le processus de codécision intervient uniquement à la jonction entre deux rôles.
- La neutralisation des égos : pour garantir la juste répartition du pouvoir et protéger les membres du groupe, des outils équitables et bienveillants sont utilisés : tour de parole ouvert, principe de non-objection, facilitateur…
- Le pilotage par tensions : souvent perçue négativement par les modèles conventionnels, la gouvernance partagée voit en l’émergence de tensions un levier d’amélioration considérable pour le fonctionnement opérationnel, organisationnel et stratégique de l’entreprise.
- Le duo cercles-liens : pour les grandes entreprises, l’organisation doit se subdiviser en cercles (petites équipes de 12 membres maximum) qui investissent leur propre périmètre de responsabilité. Pour assurer la bonne circulation du pouvoir entre les cercles, deux représentants sont désignés (des « liens ») pour assister aux réunions des cercles connexes.
Les clés de la gouvernance partagée : le ciment
Pour que « la mayonnaise prenne », le ciment se compose quant à lui de trois ingrédients essentiels :
- L’émergence d’une Raison d’Être : chacun doit se sentir animé par la force du collectif, en restant aligné avec son rôle et en y trouvant du sens, pour se placer naturellement au service de la société.
- L’établissement de règles strictes mais libérantes : un cadre doit être explicitement défini, non pour contraindre les individus, mais bien pour leur offrir le maximum de libertés.
- La confiance et le lâcher-prise des décideurs : s’engager dans une gouvernance partagée n’a que sens que si la personne détenant actuellement le pouvoir se sent prête à le partager. Cela implique en particulier une réelle confiance en ses collaborateurs, mais aussi le renoncement à certains privilèges…
Gouvernance partagée et association
Une organisation à but non lucratif peut aussi s’appuyer sur la gouvernance partagée pour assurer efficacement ses missions. C’est le cas par exemple de l’association All4trees, qui s’engage dans la lutte contre la déforestation. Elle repose sur un cercle de pilotage, assimilable au conseil d’administration, et sur un cercle d’orientation. Ce dernier se compose d’élus de chacun des 6 collèges (fondateurs, porteurs de projet, citoyens, affiliés, partenaires, opérationnels).
Gouvernance partagée, formation et MOOC
Vous désirez en savoir plus sur la gouvernance partagée et sa mise en application ? Depuis le printemps 2017, l’Université des Colibris et l’Université du Nous ont uni leurs forces pour proposer une formation en ligne accessible à tous : le MOOC « Gouvernance Partagée – Posture, Outils et Pratiques pour réinventer notre faire ensemble ».
Leur objectif : constituer une communauté auto-apprenante pour comprendre et jeter les bases de ce nouveau modèle de société, sans prétendre à « la » solution miracle. Exercices pratiques, cas concrets, témoignages, forums, rencontres et webinaires jalonnent cette quête d’intelligence collective.
Retrouver dans cet article plusieurs outils de formation pour intégrer cet art et créer un cadre avec vos collaborateurs de qualité.
La vie en collectif – Avec Louis FOUCHE
Via les collectifs Libertad et ReinfoCovid, Louis FOUCHE et Pierrick THEVENON interviennent au travers 7 émissions successives sur la vie en collectif, autour de la gouvernance holacratique.
Parce que faire ensemble ne va pas de soit, nous vous donnerons des retours d’expérience pour aider à faire ensemble de tous les collectifs qui naissent et grandissent aujourd’hui pour faire un monde meilleur.
Comment animer et rendre actif un groupe ?
Playlist des trucs d’animation par Jean-Michel Cornu (parcourir la playlist des 160 courtes vidéos)
Exemples de sujet : importance de la bienveillance, activer, gestion des activités, faciliter l’implication, gérer les conflits, les rencontres, vision long terme, le consentement, le rôle de facilitateur, l’importance des observateurs inactifs, le véritable rôle des leaders, …
Les prises de décisions sont laborieuses ? Ça part dans tous les sens ?
Découvrir la gestion des décisions par consentement
« L’objectif du consentement est de permettre de prendre une décision avec laquelle tout le monde peut vivre. Cela veut dire qu’on détermine où se situe l’avis majoritaire, c’est-à-dire la décision qui serait prise « classiquement » et on prend ensuite le temps de lever les objections qui empêchent les minorités de vivre avec la décision majoritaire. La nuance la plus importante avec la démocratie telle que nous la connaissons se situe sur le « pouvoir vivre avec ». On ne cherche pas à ce que tout le monde dise oui à la décision mais à bien écouter et connaître les amendements qui feraient que les minorités ne soient plus opposées à la décision. Cela s’illustre bien avec la phrase suivante : « Le consensus c’est tout le monde dit oui, le consentement c’est plus personne ne dit non ». »
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Résumé des étapes à suivre
Notes : Les phrases entre parenthèses sont des questions que le facilitateur peut utiliser pour accompagner le groupe.
- Phase de proposition (une solution à proposer ?)
- Tour de table de clarifications (des questions ?)
- Tour de table de réactions / ressentis (des réactions ?)
- Possibilité d’amendement ou de retrait de la proposition par le proposeur (suite à ces réactions, souhaites-tu retirer ou amender ta proposition ?)
- Traitement des objections une par une (une objection ?)
Chaque objection est clarifiée et chacun peut y réagir. - Amendement (reformation sous la forme “je suis d’accord à condition que”)
Un amendement est une nouvelle proposition (retour à l’étape 2). - Validation
Les décisions sont validées quand personne ne propose d’objections valides et argumentées.
En cas d’échec du consentement (une objection qui ne peut pas être levée), la décision peut se prendre à la majorité qualifiée (80% par exemple).
Votre groupe cherche l’horizontalité (mais ne la trouve pas vraiment) ?
Qu’est-ce que la sociocratie ? — Explication de ce mode de ce mode de prise de décision.
Les clefs pour mettre en place une gouvernance partagée
Dans votre groupe, ils y a des conflits, tensions ou guerres d’égo ?
De nombreuses tensions négatives peuvent provenir du manque d’usage des autres outils présentés sur cette page. Idéalement, les bons outils d’organisation et d’intelligence collective devraient être utilisés pour éviter et prévenir l’apparition de conflits, en les traitant avant qu’ils ne deviennent destructeurs pour le groupe.
La communication non violente (ou communication rationnelle)
Sinon, les besoins et les solutions requises ne sont pas clairs dans la conversation et elle devient irrationnelle.
Donc respecter soi-même au moins les quatre étapes de la CNV et questionner les interlocuteurs pour les aider à s’exprimer de façon rationnelle.
- 1. Observation : décrire la situation en termes de faits précis et compréhensibles ;
Question relative : Plus exactement, quelle est la situation qui t’amène à dire ça ? - 2. Sentiment : exprimer les sentiments et attitudes suscités dans cette situation ;
Question relative : Je comprends mieux, dans une telle situation, tu as dû te sentir [description] ?
(formes possibles : humour, compassion, compréhension, …) - 3. Besoin : clarifier le(s) besoin(s) ;
Question relative : Dans cette situation, que préférerais-tu ? De quoi aurais-tu besoin ? - 4. Demande SMART* : faire une demande respectant les critères suivants : réalisable, concrète, précise et formulée positivement. Autrement dit… formuler un objectif SMART (Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste, Temporellement défini).
Si cela est possible, que l’action soit faisable dans l’instant présent. Le fait que la demande soit accompagnée d’une formulation des besoins la rend négociable. - *Questions pour formuler une demande SMART :
- Spécifique : Qu’est ce qu’on peut faire exactement ?
- Mesurable : Quels résultats peut-on attendre d’une telle solution ? Comment le mesurer ?
- Atteignable : Un tel résultat est-il vraiment atteignable ? Avons-nous les ressources nécessaires ?
- Relevant (pertinent) : N’est-ce pas déjà fait ? Quelle est la valeur ajoutée par rapport à ce qui est déjà fait ?
- Temporellement défini : Quelle échéance ? En combien de temps peut-on le faire ?
Source : ColHor
La gestion de conflits
La gestion par tensions
« Dans la plupart des cultures, le mot « tension » a une connotation plutôt – voire exclusivement – péjorative. En anglais, on peut le traduire par un terme très redouté : stress. Certains la nomment problème aussi. Une tendance humaine consiste à refouler les tensions, à mettre la poussière sous le tapis et rendre invisible ce qui dérange […]. »
Quels outils informatiques collaboratifs utiliser ?
Voici une sélection des outils informatiques les plus pratiques pour s’organiser au sein d’un groupe
L’icone 🔗 Indique un logiciel propriétaire sur plateforme commerciale, souvent beaucoup plus pratique, mais moins éthique.
L’icone 🕊️ Indique logiciel libre ou open source sur plateforme communautaire, souvent plus éthiques, mais moins ergonomiques.
* Indique un outil que l’on peut héberger sur son propre serveur.
Pour se donner des rendez-vous et planifier des temps communs
Google agenda
🔗https://calendar.google.com
Permet de gérer un agenda / calendrier collaboratif.
Framagenda
🕊️ https://framagenda.org
Permet de gérer un agenda / calendrier collaboratif, mais aussi vos contacts et vos listes de tâches.
Framadate
🕊️ https://framadate.org
Permet de créer un sondage pour choisir la meilleure date en fonction des disponibilités renseignées par les participants.
Pour partager et travailler des documents de manière collaborative
Framapad
🕊️ https://framapad.org/fr
Espace de stockage de documents textes collaboratifs.
Framacalc
🕊️ https://accueil.framacalc.org/fr
Création de feuille de calcul / tableur collaborarif.
* Pour l’auto-héberger : https://github.com/audreyt/ethercalc
Google drive
🔗 https://www.google.com/intl/fr/drive
Espace de stockage documents collaboratifs : dossier, texte, tableur, slide, … simple, efficace.
Nextcloud
🕊️ https://nextcloud.com
Alternative à google drive… Suite complète pour le travail collaboratif : dossier, documents, agenda, gestion des tâches, messagerie interne, … (alternative à google drive)
* Pour l’auto-héberger : https://nextcloud.com/install/#instructions-server
Voter une décision
Telegram
🔗 https://telegram.org
Permet très facilement d’ouvrir des sondages dans un groupe avec l’assurance d’avoir une seule voie par personne.
Jugement majoritaire
🕊️ https://jugementmajoritaire.net
Permet de voter pour le meilleur choix entre différentes propositions (plus efficace que le vote pour / contre).
Survio
🔗 https://www.survio.com/fr/
Permet de gérer des sondages.
Pour gérer des tâches
Trello
🔗 https://trello.com
Permet d’organiser et d’adresser des tâches au sein d’une équipe.
Alternative auto-hébergée : https://github.com/wekan/wekan
Framacalc
🕊️ https://accueil.framacalc.org/fr
Permet de créer une liste collaborative de tâche avec un outil libre (fonctionne aussi avec Google Sheet).
Pour communiquer auprès du public
Page facebook
🔗 https://www.facebook.com
Permet de publier des informations sur facebook.
Inconvénients : peu de visibilité sans stratégie + censure
Pour communiquer au sein d’un groupe
Jitsi
🕊️ https://meet.jit.si
Permet d’ouvrir un espace de discussion vocale / de visioconférence.
Pour l’auto-héberger : https://github.com/jitsi
Serveur frama : https://framatalk.org/accueil/fr
Inconvénients : Adapté seulement jusqu’à un certain nombre de personnes (risque de lags)
Framateam
🕊️ https://framateam.org/login
Logiciel libre de tchat / conversation de groupe.
* Pour l’auto-héberger : https://mattermost.com
Discord
🔗 https://discord.com
Permet d’ouvrir un espace textuel et vocal de discussion pour un groupe (échange de fichiers, voix, vidéo, partage d’écran) adapté pour ordinateur et smartphone.
Telegram
🔗 https://telegram.org
Permet d’ouvrir un groupe de discussion textuelle adapté pour ordinateur et smartphone, soit disant chiffrée et sécurisée… mais on ne peut pas en être sûr. Le groupe permet à chacun de discuter et il peut être associé à un canal « Channel » permettant une information descendante.
Inconvénients : Bordélique
Discourse
🕊️ https://www.discourse.org
Permet de gérer un forum.
Messenger (facebook)
🔗 https://www.messenger.com/login.php
Permet d’ouvrir un groupe de discussion textuelle adapté pour ordinateur et smartphone.
Inconvénients : Bordélique
Groupe facebook
🔗 https://www.facebook.com
Permet d’ouvrir un groupe de discussion textuelle adapté pour ordinateur et smartphone.
Inconvénients : Les publications ne sont pas envoyées à tous les membres par facebook
Pour envoyer des mails
Framalist
🕊️ https://framalistes.org/sympa
Permet de gérer une liste de diffusion d’email / d’envoyer des mails à une petite liste de personne (hors usage d’une newsletter).
WordPress autohébergé + Newsletter
🕊️ https://fr.wordpress.org/plugins/newsletter/
Permet de gérer des listes de diffusion d’email / d’envoyer des mails.
Mailchimp ou Sendinblue
🔗 https://mailchimp.com — https://fr.sendinblue.com
Permet de créer un formulaire d’inscription à une newsletter et d’envoyer des mails à toutes une liste de contact (gratuit, mais limité).
Protonmail
🔗 https://protonmail.com/fr
Permet de créer une adresse mail anonyme, avec une messagerie basée en Suisse, soit disant chiffrée et sécurisée… mais on ne peut pas en être sûr.
Pour créer des cartes collaboratives
GogoCarto
🕊️ https://gogocarto.fr/projects
Permet de créer une carte personnalisé pour marquer des lieux, des membres, etc.
* Pour l’auto-héberger : https://gitlab.adullact.net/pixelhumain/GoGoCarto
Framacarte
🕊️ https://framacarte.org/fr
Permet de créer une carte personnalisée pour marquer des lieux, des membres, etc.
* Pour l’auto-héberger : https://github.com/umap-project/umap
Pour organiser un groupe de manière horizontale et efficace
ColHor
🕊️ Fichiers
Permet d’ouvrir un espace numérique pour organiser un collectif horizontal, permettent à n’importe quel groupe de fonctionner efficacement de façon horizontale, grâce à de premières règles très simples, évolutives et capables de s’adapter aux différentes situations.