Séisme au Parlement européen (PE). Selon Le Soir, la justice belge a lancé une vague de perquisitions vendredi 9 décembre au matin, à l’issue d’une enquête ouverte mi-juillet 2022 sur une organisation criminelle présumée, soupçonnée d’ingérence dans la politique de l’Union et de corruption par le Qatar. Nous sommes loin des milliards des contrats d’Ursula von der Leyen et Albert Bourla. Il ne s’agit que des millions d’Eva Kaili. Cela reste quand même une bonne nouvelle.
Cinq personnalités publiques, dont un ex-eurodéputé italien du groupe Socialistes et Démocrates (S&D), et le « patron » mondial des syndicats, ont été interpellées en matinée. Suivis quelques heures plus tard par une autre privation de liberté retentissante : celle d’une vice-présidente en exercice de l’hémicycle, la Grecque Eva Kaili, ainsi que son père qui transportait une valise pleine de billets. Eva Kaili avait déclaré, le 21 novembre, devant une vingtaine de députés européens (sur 704) : « Le Qatar est un chef de file en matière de droit du travail. » Le directeur général de l‘Organisation internationale du Travail, comme elle, a salué, le 2 décembre, les progrès du Qatar dans le domaine du droit du travail. Il y a plus d’un an, une enquête du Guardian avait pourtant conclu à 6 500 morts sur les chantiers des JO au Qatar. Un chiffre contesté par nos habituels fact-checkers de Libération, Le Monde, etc.
La police belge a arrêté l’eurodéputée socialiste grecque Eva Kaili dans le cadre d’une enquête sur organisation criminelle, corruption et blanchiment d’argent impliquant un État non identifié du Golfe. Quatre autres arrestations ont eu lieu, dont le compagnon de Eva Kaili, l’italien Francesco Giorgi, qui travaillait comme conseiller parlementaire au Parlement européen dans le domaine des droits de l’homme. Trois autres Italiens ont également été arrêtés. L‘ancien député européen social-démocrate Pier Antonio Panzeri, fondateur de l’ONG « Fight Impunity », qui lutte contre « l’impunité pour les violations graves des droits de l’homme et les crimes contre l’humanité ». Il est considéré comme le chef d’orchestre dans ce complot de corruption ; le secrétaire de la Confédération européenne des syndicats et récemment élu secrétaire général de la Confédération syndicale internationale (CSI), Luca Visentini ; et Niccolo Figà-Talamanca, secrétaire général de l’ONG « No Peace Without Justice (NPWJ) – Pas de paix sans justice » , qui œuvre pour « la protection et la promotion des droits de l’homme, de la démocratie, de l’État de droit et de la justice internationale ».
Le coup de filet ne se limite pas aux personnalités. Ainsi, Donatella Rostagno, l’assistante parlementaire de la député socialiste belge Maria Arena, a fait l’objet d’une perquisition. Francesca Garbagnati, qui travaille pour la député européenne PD Alessandra Moretti , et un assistant qui a également travaillé pour Panzeri dans le passé sont impliqués. Sans oublier qu’en Italie, Maria Colleoni, 67 ans, et Silvia Panzeri, 38 ans, respectivement épouse et fille de l’ancien député européen Pier Antonio Panzeri, ont été arrêtées.
Eric Van Duyse, porte-parole du parquet fédéral à Bruxelles, précise qu’« il s’agit d’un dossier déjà ouvert il y a quelques mois par le procureur fédéral pour suspicion de corruption, blanchiment d’argent et organisation criminelle, qui concerne une potentielle corruption de l’Union européenne ». Le but de la corruption est de tenter de changer les décisions politiques ou économiques de l’Eurochambre.
Le communiqué du groupe S&D — dont est membre Eva Kaili — se dit consterné : « Nous sommes consternés par les allégations de corruption au sein des institutions européennes. Nous avons une position de tolérance zéro envers la corruption. Nous sommes les premiers à soutenir une enquête approfondie comprenant la divulgation complète des informations et nous coopérerons avec toutes les autorités d’enquête. »
La présidente du Parlement, Roberta Metsola, a révoqué « avec effet immédiat tous les pouvoirs, devoirs et tâches » de l’ancienne présentatrice de journal télévisé grec devenue vice-présidente du Parlement européen, comme l’a annoncé samedi soir un porte-parole.