Joe Biden a encore assez d’énergie pour être, de temps à autre, furieux ! Mercredi dernier, l’OPEP+, c’est-à-dire l’OPEP et ses alliés, dont la Fédération de Russie, a approuvé une réduction de la production de pétrole de 2%, soit environ 2 millions de barils par jour. Les Etats-Unis, qui puisent chaque semaine dans leurs stocks stratégiques pour freiner le cours du baril, prévoient en conséquence de consulter le Congrès, afin d’étudier comment réduire le contrôle de l’OPEP sur les prix de l’énergie, et surtout de l’OPEP+ dans le contexte de sanctions antirusses que l’on sait. Il s’agit de la diminution la plus importante depuis la pandémie de Covid-19, malgré la pression des USA qui souhaitaient une augmentation de l’offre.
Alors que l’Arabie Saoudite s’est consciencieusement abstenue de condamner l’opération spéciale russe en Ukraine, Washington souhaite à tout prix imposer une baisse des cours de l’or noir pour tenter, en vain depuis février, de priver Moscou de ses revenus pétroliers. Après la visite ratée de Biden en Arabie Saoudite en juillet dernier (aucun engagement ferme de coopération énergétique n’avait alors pu être signé), qui rappelle, à plus petite échelle et pour du gaz cette fois, celle de Macron en Algérie courant septembre, la Maison Blanche pourrait bloquer les ventes d’armes à Riyad. De quoi refroidir la « relation de sécurité américano-saoudienne » et conforter, pas à pas, la montée en puissance des BRICS.
Le chiffre de la semaine
13% d’inflation à Noël dans la zone euro ?
Avec un glissement annuel des prix à la production en zone euro de +43.3%, il n’est désormais plus du tout exclu que l’inflation (des prix à la consommation) y dépasse désormais 13% d’ici Noël ! Rappelons quand même que Madame Lagarde nous expliquait encore il y a moins d’un an que l’inflation demeurerait « momentanée et modérée ». Encore un beau succès de la caste aux manettes.
Mais il ne sert à rien de pleurer sur le lait répandu. Concrètement, malgré une (petite) baisse du prix des matières premières mondiales, l’euro reste faible. Parallèlement, l’inflation des prix à la production, partie de l’industrie et de l’énergie, fait tache d’huile vers l’ensemble des secteurs d’activité. L’Irlande connaît ainsi une hausse de 97% de ses prix à la production (quasi doublement donc), contre 29,5% en France. N’en déplaise à O Véran qui, quelque maroquin qu’il occupe, renoue avec son rapport bien personnel à la vérité, l’inflation n’a donc pas atteint son « plateau » et ne va donc pas ralentir, ni en France ni en zone euro, avant, au mieux, le printemps 2023. Aujourd’hui à près de 6% selon l’INSEE (nous vous expliquons dans un article de notre mensuel sur abonnement Finance & Tic pourquoi cet indicateur n’est pas fiable), l’inflation en France touche évidemment davantage les ménages modestes ,dont de nombreuses études tendent à montrer qu’ils subissent plutôt une hausse des prix de l’ordre de 10 à 12%. Comme on dit désormais place Beauvau, « ça va bien se passer ».
La déclaration de la semaine
« Un résultat important des recherches de Ben Bernanke est la raison pour laquelle il est vital d’éviter l’effondrement des banques. » Académie royale des sciences de Suède
C’est par cette formule que l’Académie royale des sciences de Suède a décerné cette semaine le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, dit Prix Nobel d’économie, à Ben Bernanke, Douglas Diamond et Philip Dybvig. Ben Bernanke est l’homme qui a sauvé les banques (sauf Lehman Brothers) prises dans la tourmente de la crise des subprimes, en optant pour une planche à billets déjà colossale à l’époque qui lui a valu le surnom savoureux d’« Helicopter Ben ». Pour mémoire, Bernanke était, de 2006 à 2014, président de la Réserve fédérale (la Banque centrale US), lorsqu’il a œuvré aux renflouements bancaires de la période 2007-2009.
Ses travaux recherches se concentrent par ailleurs sur la Grande Dépression et tendent à montrer que les banques auraient dû être renflouées dans les années 1930 en réponse à l’effondrement du marché boursier et à la sévère correction de l’économie américaine, à laquelle Roosevelt, dans son fameux « New Deal », a répondu par une relance budgétaire, certes, mais combinée à une rigueur monétaire. Il en prend donc le strict contrepied, plaidant systématiquement pour une intervention croissante du Gouvernement et de la Fed. Entre les lignes, le message envoyé par l’Académie est claire : les banques occidentales, et notamment européennes, étant, comme nous l’avons expliqué ici même, à nouveau aux abois, puisque les leçons des subprimes n’ont pour l’essentiel pas été tirées, elles seront à nouveau sauvées « whatever it takes », puisque que ce sont justement les recommandations du dernier Prix Nobel d’économie ! Comme la vie est bien faite dans le petit monde de la caste !
L’actif de la semaine
Gardez du cash au sec !
Alors que la Suède a décrété vouloir mettre fin aux espèces dès l’an prochain (mais nous n’y croyons pas tant la résistance de la population grandit, dans l’indifférence de nos médias, contre la « cashless society »), l’Argentine pousse également un pion dans la même direction, en tentant d’interdire tout retrait de cash – roulement de tambours… – aux personnes non vaccinées contre le Covid-19 ! Encore une prédiction de conspirationniste qui se réalise !
Côté français, c’est un scénario auquel nous ne sommes pas vraiment préparés, car nous réalisons encore – bravo et ce n’est, je l’avoue tout confus, pas grâce à moi – une transaction sur deux en espèces ! Par ailleurs, plus de 500 000 Français ne possèdent même pas de compte bancaire. Pour la Banque de France, la fin de l’argent liquide n’est donc pas, officiellement, un sujet d’actualité : 140 milliards de nouvelles coupures ont ainsi été mises en circulation dans l’UE en 2020, soit +11% par rapport à l’année précédente. Une telle augmentation n’était plus arrivée depuis plus de 10 ans. L’euro numérique est donc en effet dans les cartons, mais à l’heure où le Gouvernement avoue avoir « tardé à prendre la mesure » des problèmes, plus prosaïques mais plus importants pour les vraies gens, de ravitaillement des stations-essence, on se dit que l’incompétence de la caste a, parfois, du bon.
Continuez, Messieurs les Ministres, de discuter tant que vous voulez chiffons et cols roulés, quolibets et excuses à l’Assemblée, mais arrêtez, je reprends les mots de votre Leader sans cesse renaissant, de « nous emmerder ». C’était déjà la réponse de Pompidou en 1966 à un jeune collaborateur de Matignon qui venait lui proposer une norme de plus, un certain J Chirac. Parole d’Auvergnat (à la tête dure, pléonasme)… et j’en suis aussi un !