On nous prédit une révolution pour cet automne. Et si c’était un mauvais diagnostic? Nicolas Bonnal, avec sa lucidité décapante, nous donne cinq raisons d’être pessimistes.
Beaucoup d’apprentis-rebelles font mine de croire que « ventre affamé n’a pas d’oreilles », qu’on va voir ce qu’on va voir et que le populo va se révolter en Europe – comme si siffler Macron au Touquet était un acte de révolution. Rien n’est moins sûr. Je donne cinq raisons.
- Le roi Schwab et sa cour ont compris une chose : plus on prive la masse, moins elle bouge. Nietzsche écrit dans Volonté de puissance (§ 260) : « chez le petit peuple l’appétit vient en mangeant. ». Comme Tocqueville ou plus tard Soljenitsyne, Nietzsche, qui connait mieux l’Histoire que les pékins déjà cités, sait que si l’on prive le petit peuple de nourriture ou autre il bouge moins. Les grandes grèves des années 60 et 70 se faisaient dans le cadre de la société de consommation. Les tzars comme Louis XVI traitaient trop bien leur peuple. Cet heureux temps n’est plus, comme dirait Jean Racine.
- Le perfectionnement du dressage social : l’homme cybernétique de Klaus Schwab et d’Hariri a fait des progrès au bout de trente ans de technologie intense, de smartphone, de connexion, de conditionnement cyber et autre. Quand il vit dans un sept mètres carrés pour 600 euros comme un de mes vieux amis (chanteur, comédien et comique), il passe son temps à consulter sa machine. Regardez les jeunes dans le minable métro parisien. Il est distrait le rebelle.
- Le détournement de la rébellion. Un de mes vieux lecteurs nommé David a brillamment résumé ce trait : « ils ne se mobilisent que pour des conneries ». On est parfaitement d’accord : le migrant, le vaccin obligatoire, le changement climatique (la débile Christine Lagarde semble y croire, aussi sotte et dangereuse que Dame Greta), la cause LGBTQ, le lexique trop masculin, la langue fasciste de Roland Barthes, tout les motive pour, disait Flaubert, « tonner contre ». Et ils se foutent et de bouffer et d’être en liberté nos bougres.
- L’écroulement intellectuel : après un siècle de radio, de télé, et vingt ans de réseaux sociaux, on y est arrivés. Les soixante-huitards ont crétinisé la population un peu partout en occident. Ce trait est le plus connu de tous ceux que je viens de citer. Donc je vais donner un élément vernaculaire supplémentaire : il est devenu impossible d’ouvrir les yeux de quelqu’un pour parler comme Isaïe ou d’éveiller un esprit. La masse est devenue trop conne. Nous ne pouvons communiquer qu’avec nos lointains (comme le veut le système), pas avec nos proches ou notre voisin de palier qui sont imbibés de télé et de chaines News non pas six mais quinze heures par jour.
- L’acceptation. Confusément, l’homme occidental vieux et fatigué a déjà accepté son extermination. Tocqueville disait bien que le projet de la démocratie était de faire des chrétiens que nous sommes des turcs.
En fait nous sommes tombés plus bas. Regardez ces italiens à Milan…