Boris Vallaud un des dirigeants du Parti socialiste s’est imprudemment avisé de donner des leçons d’histoire.
Pour lui, les députés RN régulièrement élus sont les « héritiers » des collabos qui rasaient les murs en 1946. Je ne sais pas si ces députés sont les héritiers des fondateurs du FN où il y avait effectivement des collabos notoires (coucou François Brigneau) mais aussi des résistants, voire un Compagnon de la Libération (coucou Michel de Camaret).
Mais admettons cette mise en avant de « l’héritage ».
Dans ce cas, Vallaud le socialo aurait été bien avisé de se taire. Parce qu’on peut rappeler que ceux, dont il est en bon socialiste l’héritier, c’est-à-dire les parlementaires socialistes, ont massivement voté les pleins pouvoirs à Pétain et l’assassinat de la république le 10 juillet 1940. Et furent pour cela frappés d’INDIGNITÉ NATIONALE. Qui si l’on suit les raisonnements de Vallaud en matière de dévolution successorale, reste donc attaché à son propre mandat.
On ajoutera qu’il est lui-même non seulement l’héritier mais le successeur sur les bancs de l’Assemblée de François Mitterrand le meilleur ami de René Bousquet.
C’est maintenant Olivier Faure autre dirigeant du PS qui se lance dans une surenchère anticapitaliste que n’aurait pas reniée Lénine en son temps. Alors que, dans l’histoire de ce parti, on sait très bien ce que valent ces proclamations qui ont TOUJOURS précédé les trahisons.
Le problème c’est qu’aujourd’hui, un ancien dirigeant de ce même PS, ministre rocardien et Maastrichien patenté, a créé un cartel politique au service de la petite bourgeoisie déclassée. Et cette fameuse NUPES se révèle être une blanchisseuse pour verts néolibéraux néoconservateurs, mais aussi surtout pour le Parti socialiste. Lui permettant ainsi de faire jouer l’amnésie qui l’a toujours servi. Et de recommencer à donner des leçons de comment qu’il est pas trop de gauche. Heureusement, tout le monde n’est pas atteint de la maladie d’Alzheimer. On peut se rappeler les grands discours de Chevènement dans les années 70 et être ainsi écœuré de la façon dont il s’est rallié au macronisme le plus corrompu. Sans oublier bien sûr que Macron a été installé à la tête de l’État par François Hollande et le Parti socialiste.
Alors ne nous aveuglons pas, et ne laissons pas cette NUPES permettre au PS de faire oublier toutes ses trahisons.
J’ai publié en 2021 dans Le front Populaire, un rappel de ce que fut l’histoire de cette roue de secours du capital.
J’en propose à nouveau la lecture pour que l’imposture du qualificatif de « gauche » que lui permet de revendiquer la NUPES ne puisse surtout pas prospérer.
Le Parti socialiste a-t-il jamais été de gauche ?
La question du clivage politique entre la droite et gauche est une auberge espagnole où chacun vient avec ses objectifs, ses préjugés, et ses arrière-pensées. Le concept recouvre des réalités complètement différentes en fonction du lieu où il est énoncé. Le positionnement, surtout de gauche d’ailleurs, sera revendiqué positivement par nombre d’organisations, et négativement par leurs adversaires. Et même si l’on peut penser avec le politologue Jérôme Sainte-Marie qu’il n’est désormais plus opératoire, force est de constater qu’il a la vie dure. Si Emmanuel Macron ou Marine Le Pen prétendent se situer en dehors de cette opposition, au sein même du parti du président on s’organise en tendances la reprenant. Jusqu’à Éric Zemmour qui fonde son succès incontestable succès dans les sondages en se revendiquant porteur de la ligne politique « d’union des droites » qui fit le succès de Nicolas Sarkozy en 2007.
Il ne sera pas question ici d’une approche scientifique ou objective, mais plutôt d’analyser comment le Parti socialiste a utilisé le concept de « parti de gauche » depuis maintenant un siècle. En tentant d’identifier un certain nombre de constantes et notamment les contradictions systématiques entre le discours revendiquant une appartenance à la partie gauche du spectre politique, pour systématiquement lui tourner le dos une fois parvenu au pouvoir politique.
Congrès de Tours : les raisons d’une scission
Le parti socialiste dont il sera question est celui né de la scission du congrès de Tours en décembre 1920, qui gardera le nom de SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière) jusqu’en 1972 où il prendra le nom de « Parti socialiste » au congrès d’Épinay.
La SFIO sera créée en 1905 sous l’impulsion de Jean Jaurès par la fusion de cinq partis du mouvement ouvrier. Ce sera surtout un parti d’élus qui choisira le 2 août 1914 au lendemain de l’assassinat de Jaurès, la voie de « l’Union sacrée » en rentrant au gouvernement et en votant les crédits de guerre. Très minoritaire au départ, l’opposition à cette stratégie ne cessera de grandir durant le conflit, de 20 majoritaire après l’armistice. C’est dans ces conditions que va se dérouler en décembre 1920 le fameux congrès de Tours qui va voir une majorité écrasante se prononcer pour l’adhésion à la troisième internationale créée par les bolcheviques après la révolution d’Octobre. On présente toujours ce congrès comme une adhésion au modèle bolchevique pour le passage socialisme, ce n’est pas la réalité. C’est bien l’affrontement entre deux lignes politiques nationales qui s’y est déroulé, les tenants de la IIIe internationale voulaient d’abord et avant tout prendre le pouvoir sur l’organisation au détriment de ceux qui étaient considérés comme complices de la catastrophe avec la stratégie « d’Union sacrée ». De façon significative, le parti ne deviendra « communiste » qu’en 1924 et les dirigeants à l’origine de l’adhésion finirent par être tous épurés pendant les années 20 qui vient la mise en œuvre de la « bolchevisation » menée en parallèle de la mainmise de Staline sur le parti soviétique et l’internationale communiste. Léon Blum fut le minoritaire qui acta la scission et la création du nouveau parti socialiste. Qui termina son admirable discours par les phrases suivantes : « Nous sommes convaincus, jusqu’au fond de nous-mêmes, que, pendant que vous irez courir l’aventure, il faut que quelqu’un reste garder la vieille maison. Nous sommes convaincus qu’en ce moment, il y a une question plus pressante que de savoir si le socialisme sera uni ou ne le sera pas. C’est la question de savoir si le socialisme sera, ou s’il ne sera pas. » Cent ans plus tard, le parti socialiste ayant rejoint le parti communiste dans l’effondrement, force est de constater le double échec. D’aucuns diront qu’il trouve sa source dans le fait que le PCF était « plus à l’est qu’à gauche », et que le PS quant à lui a toujours évité d’être réellement de gauche.
Prendre le pouvoir ou l’exercer ?
La SFIO conservera essentiellement le tissu d’élus locaux et deviendra un parti de notables essentiellement tourné vers le parlementarisme qui s’impliquera dans presque toutes les combinaisons politiques des IIIe et IVe Républiques. Ce fut le cas avec le cartel des gauches de 1924 et un soutien sans participation ministérielle à une expérience qui tourna rapidement court avec une première capitulation « devant le mur de l’argent » et le rappel de Raymond Poincaré. Revenus dans l’opposition, les socialistes vont prendre la première fois la direction du gouvernement avec la victoire du Front Populaire aux élections de 1936. Léon Blum avait clairement indiqué que si le Front populaire l’emportait, seul le programme électoral de celui-ci serait appliqué. Il sera nommé Président du conseil au début de juin alors même que la France connaît depuis près d’un mois un mouvement social d’une ampleur considérable. La plupart des lois qui seront adoptées dans les semaines suivantes ne seront pas la mise en œuvre du programme mais la traduction législative de ce qui aura été obtenu par les grèves. Profitant de cette dynamique, quelques réformes furent adoptées dans les domaines économiques, de l’éducation, du sport et des loisirs. Le Front populaire fut confronté dès le mois de juillet 36 à la révolte militaire contre le gouvernement républicain en Espagne. Dans le but de conserver les radicaux dans sa coalition et de ménager la Grande-Bretagne, Léon Blum refusera d’apporter le soutien de la France au gouvernement espagnol légal. Dès février 37 il instaurera une « pause » dans les réformes, abandonnant les plus importantes. Le 21 juin suivant, un vote négatif du Sénat, et alors qu’aucune règle constitutionnelle le lui imposait, Léon Blum présentera la démission de son gouvernement, laissant le radical Chautemps lui succéder. L’échec rapide du front populaire a obéi à un schéma expérimenté pour la première fois avec le premier cartel des gauches, qui est le fruit du raisonnement de Léon Blum selon lequel, si le Parti socialiste était destiné à « prendre » le pouvoir pour instaurer le socialisme, il ne pouvait le faire que si le rapport de force le lui permettait. Sinon il devait se contenter de « l’exercer », en tentant si possible de faire adopter des réformes. Et c’est ainsi qu’il s’engagera jusqu’en 1983 dans une dialectique de la capitulation et de la trahison dont l’effondrement politique du Front populaire est l’illustration. En moins d’un an, celui-ci était consommé, le problème étant qu’il fut suivi d’une série de trahisons qui trouveront leur aboutissement d’abord avec le soutien affirmé aux accords de Munich, puis la participation approuvée par Léon Blum de ministres socialistes au gouvernement de capitulation formée par Pétain le 16 juin 40. Enfin avec l’abolition de la république et les pleins pouvoirs au même Pétain voté par la majorité du groupe socialiste à Vichy 10 juillet suivant.
Après la Libération, le choix de l’atlantisme et le refus de la décolonisation
Le parti socialiste paya son tribut à la Résistance et joua son rôle dans la Libération du pays, ce qui lui permit de surmonter la catastrophe de 1940. Aux élections de la première constituante de 1945, le PCF doublant son poids politique d’avant-guerre est devenu le premier parti de France mais la SFIO le suivait d’assez près, et les deux organisations qui représentaient 35 % des électeurs en 1936 frôlaient la majorité absolue. Socialistes et communistes s’entendirent pour proposer au référendum, qui le repoussera, un projet de Constitution très marquée à gauche, et ce contre l’avis du MRP et du général de Gaulle. Cette convergence sera matérialisée par un « Comité d’entente » réunissant les deux partis et allant même jusqu’à envisager une réunification ! L’arrivée de la guerre froide mettra fin brutalement à cette alliance, le président du conseil socialiste Paul Ramadier renverra les ministres communistes au printemps 1947 pour une alliance exclusive avec le MRP centriste. Choix qui sera maintenu jusqu’à la signature du « Programme commun de gouvernement » avec les communistes en 1972. Dès le départ, la SFIO fera le choix d’un atlantisme sans faille et d’un refus de prendre en compte les exigences de la décolonisation et de la fin de l’empire français. Ce sera dès 1947 sous l’égide de Ramadier l’adhésion sans réserve au plan Marshall, Léon Blum signant quant à lui avec Jean Monnet le fameux « Accord Blum-Byrnes » inscrivant la France dans l’orbite économique et culturelle des États-Unis. Puis les débats, pour aboutir au vote d’un statut de l’Algérie, à l’issue desquels la SFIO abandonnant ses positions, acceptera une solution qui se révélera incapable de traiter le problème algérien pour aboutir sept ans plus tard au début de la guerre. Il en sera de même avec les débuts du conflit indochinois, avec un Léon Blum disant : « Il n’existe qu’un moyen et un seul de préserver en Indochine le prestige de notre civilisation, notre influence politique et spirituelle et aussi ceux de nos intérêts matériels qui sont légitimes : c’est l’accord sincère sur la base de l’indépendance, c’est la confiance, c’est l’amitié… ». En fait d’amitié et de confiance, ce sera la guerre sans issue, que la SFIO soutiendra jusqu’à la catastrophe de 1954. On retrouve là cette mécanique politique propre au parti socialiste qui le voit élaborer et défendre des positions que l’on peut qualifier « de gauche » lorsqu’il n’est pas au pouvoir pour leur tourner le dos dès qu’il y accède. Il n’est bien sûr pas le seul à pratiquer cette dialectique perverse, mais elle prend chez lui une dimension particulière. Car non seulement il trahit ses engagements et ses promesses, mais il le fait par un refus d’assumer sa nature revendiquée de parti ouvrier, en ralliant les forces qu’il prétendait combattre. La tragédie algérienne va malheureusement en être une illustration paroxystique.
Comment amener la France au bord de la guerre civile
En janvier 1956, les élections législatives donnent une victoire électorale à un « Front républicain » au sein duquel la SFIO dirigée par Guy Mollet est dominante. Pendant la campagne marquée par la tragédie algérienne, il affirme que pour lui la guerre d’Algérie est pour lui « imbécile et sans issue » ; l’indépendance étant dictée par le bon sens. Il nomme Georges Catroux, seul général d’armée à avoir rallié Charles de Gaulle en 1940, au poste essentiel de Ministre résidant en Algérie. Puis se rend le 6 février à Alger où il est accueilli par une manifestation d’Européens excités qui jettent des tomates sur le cortège officiel. La capitulation est immédiate, Georges Catroux est écarté de façon humiliante. La trahison suit immédiatement quand Mollet nomme le socialiste Robert Lacoste partisan de la répression la plus brutale. Politique qu’il conduira en donnant dans ce domaine tous pouvoirs à l’armée, avec deux conséquences tragiques. D’abord avec le dévoiement déshonorant qu’une partie de l’armée acceptera de mener notamment pendant la répression de « la bataille d’Alger ». Ensuite en laissant basculer celle-ci dans une dérive factieuse qui mettra la France au bord de la guerre civile. La SFIO n’eut plus d’autre choix que d’appeler au pouvoir le général de Gaulle car c’était selon Mollet, le seul moyen d’éviter « une guerre civile sans armée républicaine ». Entre-temps, adepte de la politique de la canonnière, en novembre 1956, Mollet avait quand même trouvé le moyen d’engager la France dans une expédition militaire absurde contre l’Égypte à la suite de la nationalisation du canal de Suez. Malgré ce bilan calamiteux il restera premier secrétaire de la SFIO jusqu’en 1969, juste avant le congrès d’Épinay en 1971, quand François Mitterrand qui n’avait jamais été socialiste s’empara de ce parti.
Contrairement à ce qui fut alors prétendu et affirmé avec constance par la suite, le Parti socialiste d’Épinay n’était que la continuation de l’organisation issue de la scission du congrès de Tours. Le changement de nom, malgré l’arrivée à sa tête d’un homme, pourtant largement compromis dans les errements antérieurs, permis de passer un large coup d’éponge et de se refaire une virginité politique à gauche.
L’union de la gauche pourquoi faire ?
François Mitterrand s’était opposé à la constitution de 1958 et à l’élection du Président de la République au suffrage universel. Mais il en avait parfaitement compris le mécanisme politique et la nécessité des alliances pour parvenir à ce qui était son seul objectif, la prise du pouvoir. Les gaullistes occupants la droite et le centre du spectre, Mitterrand décida d’utiliser la gauche en construisant une alliance avec la principale force qui l’occupait. Ce fut en 1972 la signature du programme commun de gouvernement avec le PCF, support d’une stratégie électorale qui finit par se révéler gagnante. Il faut se rappeler ce que furent les discours du parti socialiste et de ses dirigeants entre 1972 et 1981, à base de lutte des classes, de transformation du capitalisme et de passage au socialisme ! Les relire aujourd’hui permet de mesurer très exactement le sens des mots de reniement et de trahison. François Mitterrand alla jusqu’à affirmer : « Celui qui n’accepte pas la rupture avec l’ordre établi, avec la société capitaliste, celui-là, je le dis, ne peut être adhérent au Parti socialiste. » Les deux premières années du mandat de François Mitterrand élu en 1981 furent celles de la mise en œuvre de quelques-unes des mesures sociales de son programme, mais comme d’habitude, cette orientation fut vite abandonnée avec le fameux tournant de mars 1983. Cette fois-ci, ce ne fut pas à cause d’un parlement rétif ou d’une bourgeoisie hostile qu’intervint la capitulation. En effet la France était confrontée à une situation économique délicate liée à la contradiction entre les politiques budgétaires et monétaires. Le choix proposé par Jacques Delors et ordonné par François Mitterrand fut celui de la rigueur et de l’austérité parce qu’il permettait le maintien de la France dans la construction européenne. Le tournant portait en lui-même la trahison, puisque les socialistes violaient leurs engagements au profit d’un premier abandon de souveraineté. Ce fut en ce qui concerne le parti socialiste une conversion au néolibéralisme dont il devint par la suite le principal fourrier pour la France. Les années 80 offrirent le spectacle d’un effondrement moral à base d’argent fou et de corruption politique ou les socialistes n’étaient pas les derniers impliqués. François Mitterrand en tête, ils poussèrent les feux d’une construction européenne dont l’objectif évident, dès le traité de Maastricht, était la mise en place d’un dispositif institutionnel visant à priver les états membres de leur souveraineté économique en la faisant échapper à la délibération démocratique. Pierre Bérégovoy fut chargé dans la perspective de la monnaie unique d’appliquer la politique du « Franc fort » et de la « désinflation compétitive » au prix de centaines de milliers de chômeurs. Ces politiques furent poursuivies par Lionel Jospin quand il revint au pouvoir, en continuant le démantèlement de l’appareil industriel français public et privé et en dirigeant le gouvernement qui aura le plus privatisé dans l’Histoire de France.
Profitant de l’effondrement et de la quasi-disparition du PCF, débarrassé de toute concurrence sur sa gauche, ayant abandonné les couches populaires, le PS est devenu l’outil de la déconstruction de l’État-providence à la française et de l’abandon de la souveraineté de la France. Il n’avait plus besoin désormais de commencer par capituler, il incarne lui-même la trahison.
François Hollande en mode liquidateur ?
On ne s’étendra pas sur le mandat présidentiel calamiteux de celui dont il faut quand même rappeler qu’auparavant, en tant que premier secrétaire du Parti socialiste, il fut un des principaux acteurs de la forfaiture politique de la violation de la décision référendaire de 2005 et de l’adoption du traité de Lisbonne auquel il apporta son appui et celui de son parti. Son passage à l’Élysée fut une humiliation pour le pays devant lequel il ne put même pas se représenter, préférant favoriser l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée et prêtant probablement la main au coup d’État judiciaire qui l’a permis. Le parti socialiste semble avoir entamé une dérive groupusculaire que la candidature d’Anne Hidalgo pourrait précipiter.
Il faut quand même noter, qu’à ce stade de la campagne électorale, outre la maire de Paris, deux autres candidats sont d’anciens membres du PS et ont été peu ou prou associés à tous les reniements et les trahisons que nous venons d’évoquer. Comme Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon et Arnaud Montebourg n’assument rien, ne reconnaissent rien de leurs responsabilités pourtant lourdement engagées. C’est Anne Hidalgo enfilant les phrases creuses à base de vœux pieux sans prise avec la réalité. C’est Jean-Luc Mélenchon vitupérant le bilan du PS en oubliant le rôle qu’il y a joué comme par exemple avec son soutien au traité de Maastricht. Précisément celui qui a décidé la création de la monnaie unique, véritable boulet, rendant quasiment impossible la mise en œuvre du programme qu’il propose. C’est Arnaud Montebourg qui fait semblant d’être souverainiste en préconisant une réindustrialisation de la France, alors qu’il a contribué à l’arrivée à la présidence de François Hollande, et à celle de Manuel Valls au poste de premier ministre, pour déplorer aujourd’hui les conséquences des politiques de ceux qu’il a servis.
Aquilino Morelle n’est pas candidat, ce qui ne l’empêche pas de procéder de la même façon en publiant un livre extraordinaire. Violent réquisitoire contre les socialistes qu’il accuse, excusez du peu, d’avoir « permis au libéralisme de conquérir la planète », d’avoir commis un « coup d’Etat fédéraliste » en 1983, et « d’avoir défait la France sans faire l’Europe ». Touché par la grâce souverainiste il affirme « La réhabilitation de la Nation, réalité anthropologique et politique indépassable, s’impose ». On se frotte les yeux en se rappelant que cet homme a fait toute sa carrière au Parti socialiste, qu’il fut conseiller de Lionel Jospin premier ministre et de François Hollande à l’Élysée. Est-il possible de mieux se moquer du monde ? Cet exemple révèle finalement un des aspects de la nature profonde du Parti socialiste. Fruit de la scission du congrès de Tours il est devenu une organisation de notables sociologiquement liée aux couches moyennes. Son lien avec les couches populaires était celui d’une représentation alors que le PCF dans sa composition, sa direction et ses élus étaient une organisation authentiquement ouvrière. Cette concurrence contraignait la SFIO d’abord et le PS ensuite, à afficher des engagements « de gauche » pour arriver au pouvoir, et prestement les abandonner une fois installés. La disparition de la concurrence du PCF lui a permis de se débarrasser autant que faire se peut, du préalable des engagements de gauche, et d’assumer ce qui est finalement son ADN politique celui d’un banal parti de droite. Suivant la distinction de Léon Blum, le Parti socialiste n’a jamais voulu « prendre » le pouvoir mais « l’exercer », c’était plus confortable.
Il n’y a pas à s’étonner que ce soit probablement au prix de son effondrement.
Source :
UN REGARD JURIDIQUE SUR L’ACTUALITÉ AVEC RÉGIS DE CASTELNAU