Depuis leur vaccination contre le Covid-19, de nombreuses femmes s’inquiètent face à différents bouleversements sur leur cycle menstruel.
Au début du mois du juillet 2022, une jeune femme de 23 ans a déclaré sur les réseaux sociaux avoir été diagnostiquée d’une ménopause précoce après sa seconde injection.
« Une association fortuite », selon le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF).
C’est l’une des conséquences du vaccin contre le Covid-19. Après leur première ou deuxième injection, de nombreuses femmes ont rapporté différents effets indésirables sur leurs menstruations. Ils peuvent être nombreux, selon l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) : « des saignements anormalement longs », « une absence de règles pendant plusieurs mois », « des douleurs pelviennes ou abdominales importantes », ou encore « des saignements anormaux en quantité et en durée ».
Plus rare, une jeune femme de 23 ans a raconté sur Twitter, le 5 juillet dernier, avoir été diagnostiquée d’une ménopause précoce après sa deuxième injection de vaccin, en août 2021. Auprès de 20 Minutes, elle se confie également sur « des gros retards de règles de plus de 3 mois », « des flux hémorragiques », ainsi que « des possibles problèmes de fertilité ». Ce diagnostic peut-il être considéré comme une conséquence du vaccin, ou est-ce un trouble survenu à l’époque l’injection sans qu’il n’y ait de lien établi ?
FAKE OFF
Tout d’abord, rappelons que les effets indésirables décrits par de très nombreuses femmes, comme évoqué plus haut, existent bel et bien. L’ANSM recense à ce jour plus de 11.000 signalements déposés en France. Mais d’après le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), la ménopause ne fait pas partie des signalements. « Dans l’immense majorité, ce sont des troubles menstruels transitoires, mineurs et totalement réversibles. Deux types de troubles ont principalement été décrits : soit des troubles de l’ovulation, soit des modifications de l’abondance des règles », précise le Docteur Geoffroy Robin, secrétaire général du CNGOF.
Comment expliquer alors le diagnostic qui a été fourni à cette jeune patiente après sa deuxième injection en août dernier ? « Il s’agit dans ce cas d’une association fortuite », souligne le gynécologue. Selon lui, la patiente pourrait par exemple être prédisposée à développer une insuffisance ovarienne prématurée, et la maladie a pu se déclarer à la même période.
« Aucun autre cas d’insuffisance ovarienne prématurée »
Les insuffisances ovariennes prématurées – anciennement appelées ménopauses précoces – sont définies sur des critères cliniques et hormonaux chez des femmes de moins de 40 ans. Les conséquences sont multiples : « risque d’ostéoporose, altération de la qualité de vie, syndromes anxio-dépressifs, infertilité sévère, risque vasculaire », cite le Docteur Geoffroy Robin. Qui assure « qu’aucun autre cas d’insuffisance ovarienne prématurée n’a été rapporté dans les études cliniques ». Par le passé, des traitements totalement étrangers à la pandémie actuelle ont déjà provoqué des insuffisances ovariennes prématurées. C’est par exemple le cas des chimiothérapies, précise le Docteur Geoffroy Robin.
Reste que dans le cas du Covid-19, les effets secondaires sur les cycles menstruels demeurent une zone très floue dans la recherche. « Les questions relatives aux menstruations n’ont guère été traitées lors de la plupart des recherches et essais sur les vaccins, de sorte qu’il n’y a pas beaucoup de données fiables », remarquait la chercheuse Gabriella Kountourides dans un article publié en mars dernier sur le site The Conversation. Des chercheurs de l’université de Bristol se sont intéressés à cette problématique. « Malheureusement, les questions sur les menstruations ont été exclues de la plupart des études à grande échelle sur le COVID-19 (y compris les essais de vaccins), de sorte qu’il est actuellement difficile de savoir combien de femmes ont subi des changements de cycle menstruel », expliquent les chercheurs.
De son côté, l’Agence nationale du médicament admet qu’il existe une difficulté à analyser les cas de troubles menstruels, « car ils sont souvent peu documentés ». « Dans leur expérience, la majorité des troubles menstruels observés étaient généralement non graves, de courte durée et spontanément résolutifs », assure l’organisme sur son site. Si aucun lien n’est encore prouvé entre ménopause précoce et vaccin de Covid-19, l’ANSM invite les femmes concernées à signaler leurs symptômes sur le site dédié.