Nous assistons cette semaine au dévoilement d’une nouvelle idéologie mondialiste, dont nous soupçonnions l’existence depuis plusieurs années sans oser l’admettre : le macro-mélenchonisme. Derrière des différences apparentes, des divergences ou des antagonismes largement mis en scène, une alliance de moins en moins tacite se forme pour déployer un programme politique dont on découvre qu’il est ou sera très proche des propositions en gestation dans le Great Reset de Klaus Schwab.
En y regardant de près, on comprend que ce bloc sera taillé sur mesure pour maintenir coûte-que-coûte la France dans une mondialisation destructrice, fondée sur une grande connivence entre l’État et les intérêts privés.
Depuis la réélection d’Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon fait campagne pour devenir Premier Ministre. Cette idée d’une “cohabitation” avec un Président qu’il aura contribué à faire élire pose tout de même de sérieuses questions sur la nature du bloc idéologique qui est en train de se dessiner : le macro-mélenchonisme.
La gamelle, la maladie infantile du mélenchonisme
Certes, dans la stratégie mélenchonienne, il y a le désir d’obtenir des postes et d’accéder au pouvoir. On ne fait pas de la politique à plein temps pendant quarante ans sans aspirer à toujours plus de paillettes et plus de responsabilités.
Dans son sillage, Mélenchon tire derrière lui une multitude de gens qui lui ressemblent : les Corbière et Garrido, les Autain et consorts, sont prêts à beaucoup, et à de nombreuses contorsions idéologiques pour justifier d’accepter un poste dans un gouvernement nommé par le Président le plus bourgeois, le plus technocrate, le plus méprisant socialement que nous ayons connu depuis longtemps.
On ne comprendra pas autrement les concessions que l’ancien adepte du Grand Orient de France, le frère Mélenchon, accepte par ailleurs vis-à-vis de l’Islam, du voile, et de l’islamisme plus généralement. L’Assemblée Nationale vaut bien un hadith…
Aux origines trotskistes du mélenchonisme
Il y aurait à mon avis une erreur de sens à se contenter d’une lecture opportuniste de la stratégie qui se dessine, à gauche, autour de la France Insoumise, pour partager le pouvoir avec Emmanuel Macron. Une réalité plus profonde explique pour quoi un Mélenchon peut imaginer être le Premier Ministre d’un Macron, alors qu’il ne pourrait pas imaginer être le Premier Ministre d’une Le Pen.
Cette réalité tient aux origines trostkistes de Mélenchon, et à sa profonde conviction que la révolution doit être mondiale et non se réaliser dans un seul pays.
La presse a beaucoup rappelé ces derniers temps l’engagement initial de Mélenchon dans l’Organisation Communiste Internationale : ce n’est donc pas la peine que nous y revenions.
Il faut surtout se souvenir ici que le désaccord entre Trotski et Staline portait sur l’ambition mondiale de la révolution bolchevique. Staline considérait qu’il fallait la réussir dans un seul pays avant de l’étendre. Trotski prônait la révolution permanente et le dépassement des frontières.
La différence irréconciliable entre feu le Parti Communiste et le mélenchonisme tient à cette approche. Il ne faut jamais oublier que le mélenchonisme est par nature un mondialisme attaché à la révolution permanente, c’est-à-dire à une mise sous tension permanente des populations.
Une logique de chaos proche du Great Reset
Beaucoup d’admirateurs de l’incontestable talent rhétorique mélenchonien n’ont pas compris la dimension chaotique par nature du gourou. Dans le mélenchonisme, on trouve la vieille conviction que la révolution mondiale est créatrice d’un nouveau monde. Le chaos est créateur.
En soi, cette stratégie n’est pas éloignée du Great Reset schwabien, selon qui il faut profiter des pandémies et des guerres pour réorganiser la planète autour de structures multilatérales fondées sur le Big Government.
Nous reviendrons plus en détail un peu plus loin sur ces parentés idéologiques de circonstance. Mais il me paraît essentiel de noter qu’Emmanuel Macron, en bon praticien du Great Reset, a lui-même gouverné pendant cinq ans dans un univers de chaos, qu’il a souvent lui-même créé.
Sur ce point, la ressemblance entre les deux hommes est troublante, et l’on peut penser que le macro-mélenchonisme est une idéologie de circonstance parfaitement adaptée à notre temps et aux désirs de la caste.
Mondialisme et européisme sont les deux mamelles du macro-mélenchonisme
Mais les points de convergence entre le macronisme et le mélenchonisme ne s’arrêtent pas là.
Dans la pratique, Mélenchon a repris à son compte, sans état d’âme, les totems momentanés de la mondialisation.
C’est par exemple le cas de la vaccination obligatoire, qu’il a déclaré, en février 2022, vouloir appliquer de façon rigoureuse.
Sur la question européenne, les propositions de la NUPES, le rassemblement de la gauche lancé par Méluche, ne manquent pas non plus de piquant :
Certes, les deux formations « ont des histoires différentes avec la construction européenne », selon ce texte, « mais nous partageons un objectif commun : mettre fin au cours libéral et productiviste de l’Union et construire un nouveau projet au service de la bifurcation écologique et solidaire. » « Nous parlons de désobéir pour les uns, de déroger de manière transitoire pour les autres », distingue ce document, mais « nous le ferons dans le respect de l’Etat de droit », et « le gouvernement que nous formerons (…) ne pourra avoir pour politique la sortie de l’Union, ni sa désagrégation, ni la fin de la monnaie unique ».
L’union de la gauche en mode Mélenchon valide donc tout à la fois l’euro, l’Union, et les dérogations au principe de libre concurrence.
C’est donc l’Europe du capitalisme de connivence qui est proposée, et, là encore, il n’y a pas un monde de différence entre le macronisme et le mélenchonisme. Tout au plus une différence de degré et de “franchise” sur le sujet.
Mais à bien y regarder, la politique européenne de Macron est fondée sur la même logique : appartenance à l’Europe, mais dérogations en tous genres aux règles collectives, spécialement sur le marché unique et les dépenses publiques.
Une stratégie du Big Government écologique
En réalité, les deux hommes convergent sur le retour du Big Government préconisé par Klaus Schwab, ce qui leur donne une véritable proximité idéologique.
Les justifications de cette conversion de Davos à l’intervention massive de l’Etat dans l’économie sont connues. Elles s’appuient sur la nécessité de financer la “transition écologique” qui doit rompre avec le productivisme.
Tiens, encore un point commun entre mondialisme davossien et mélenchonisme !
On connaît la suite : l’Etat, selon Davos comme selon Mélenchon, doit massivement investir dans une planification écologique qui consistera, pour l’essentiel, à utiliser l’argent du contribuable pour enrichir les prestataires privés.
Nous avons montré hier, avec l’exemple de Thierry Solère, comme des entreprises privées s’enrichissaient grâce à cette transition écologique. C’est précisément le programme de Mélenchon, comme celui de Macron, comme celui de Biden et de nombreux autres en Occident.
L’erreur serait de croire que le macro-mélenchonisme serait l’alliance de la carpe et du lapin. C’est tout le contraire ! Ces deux courants de pensée convergent fortement dans la vision du Great Reset à laquelle la caste mondialisée est devenue accro.
Une laïcité très islamophile
On se souvient ici de Macron déclarant son admiration à une femme voilée. C’est la conception macroniste de la laïcité.
Sur ce point, sans surprise, l’accord devrait rapidement être trouvé avec l’équipe Mélenchon.
Une logique sociale commune
On pourrait penser que le macronisme et le mélenchonisme divergent sur les questions sociales. On connaît l’hostilité de Mélenchon à la retraite à 65 ans proposée par Macron, et son hostilité à la loi El-Khomri, qui a ouvert la voie à des dérogations “in peius” au Code du travail par accord majoritaire d’entreprise.
Derrière ces vraies divergences se cache, selon moi, un jeu plus complexe et plus subtile.
D’abord, il ne faut pas oublier que la réforme des retraites est un engagement pris devant l’Union Européenne qui ne réjouit par personne. Macron pourrait ne pas être fâché de s’exonérer de sa promesse sous prétexte qu’il est contraint à une cohabitation compliquée.
Sur la question des accords d’entreprise, il restera une vraie divergence… mais il n’est pas sûr qu’elle importe fortement à Emmanuel Macron, qui avait éludé le sujet en début de quinquennat par quelques ordonnances dont Mélenchon n’a pas revendiqué l’abrogation.
Il y a donc là un espace pour une négocation entre les deux hommes, qui rendrait le programme acceptable.
De l’aide sociale en veux-tu en voilà
Au-delà de ces désaccords ponctuels, les deux hommes devraient se retrouver sur la théorie monétaire moderne, que nous évoquons régulièrement dans nos colonnes.
Selon cette théorie prisée par Klaus Schwab, l’Etat ne doit pas hésiter à s’endetter pour stimuler la consommation par une politique d’helicopter money.
Macron l’a abondamment mise en oeuvre (sans l’assumer clairement en tant que telle) avec le quoi qu’il en coûte. Mélenchon n’aura aucun problème à la poursuivre, notamment avec le relèvement du SMIC.
La tentation eurasienne ?
Reste un point apparent de divergence important entre les deux hommes : la stratégie atlantiste.
Macron a, en son temps, déploré le poids du gouvernement profond dans la technostructure française, qui l’empêchait de nouer un dialogue constructif avec la Russie. Le Deep State américain a fait ce qu’il fallait, après le quinquennat Chirac, pour que l’alliée français ne lui échappe plus.
Une cohabitation avec Mélenchon lui redonnerait, sur ce point, un peu d’oxygène pour mieux endosser la théorie de la défense européenne qu’il a plusieurs fois plaidée sans véritable succès.
Incontestablement, Macron n’ira pas jusqu’à endosser le projet eurasien de Mélenchon, si tant est que celui-ci soit sincère. Mais il pourrait instrumentaliser son Premier Ministre pour revendiquer plus d’indépendance européenne.
Bref, c’est bien un bloc mondialiste très Great Reset compatible que le macro-mélenchonisme commence à dessiner. Au moins, vous ne pourrez pas dire que vous ne le saviez pas.