N’est pas ringard qui croit…
Mon ami feu Jean BELLOC, notaire à Castelnaudary, s’intéressant de près à mes travaux sur la résilience alimentaire et la Sécurité Civile, me racontait comment ses parents se débrouillaient pendant la guerre pour se nourrir. Peu avant de mourir et après avoir lu mon livre-enquête sur le sujet, il m’avait sorti la « Carte de jardinage » de son père qui datait de 1946.
En effet, pour pallier aux pénuries alimentaires, le gouvernement avait mis en place une « Carte de jardinage individuelle » pour faciliter la répartition des outils, engrais et surtout des semences, dont l’approvisionnement devenait difficile. En 1943, grâce au contingentement établi, 22 variétés de graines étaient proposées.
« La Ligue Française du Coin de Terre et du Foyer gère en outre 18 conserveries familiales pour le Secours national. Ces centres fonctionnent du 1er mai au 31 octobre ; ils sont ouverts à tous mais les adhérents de la Ligue, les familles nombreuses et les titulaires de la carte de jardinage sont prioritaires. »
« La loi du 18 août 1940 instaure la réquisition des terrains urbains inutilisés dans les communes comptant un certain nombre d’établissements industriels et commerciaux. Ces terrains sont réservés aux associations de jardins ouvriers ou aux demandeurs individuels, selon leurs charges de famille ou leurs titres de guerre. Dans le département de la Seine, le préfet étend l’application de la loi à toutes les communes. Dans les zones rurales, les exploitations abandonnées depuis au moins deux ans peuvent être reprises et cultivées). »
« Le gouvernement décide d’attribuer une subvention de 150 francs pour tout nouveau jardin ouvrier (loi du 25 novembre 1940, Journal officiel du 3 décembre). Celle-ci peut être allouée à toute personne qui, dans une commune d’au moins 2 000 habitants, aura mis en culture, entre le 1er octobre 1940 et le 30 avril 1941, un terrain d’au moins 200 m2 (150 m2 dans le département de la Seine), reçu d’une association de jardins ouvriers agréée par le ministère de l’Agriculture. Le montant est partagé par moitié entre l’association qui assume les frais généraux – location éventuelle du terrain, clôture, adduction d’eau … – et le bénéficiaire. Comme en 1916, la Ligue, bien implantée sur le territoire, est chargée par le ministère de l’Agriculture et le Secours national de distribuer cette subvention, soit directement, soit par l’intermédiaire de délégués d’arrondissement. La loi du 11 février 1941 étend la prime à tout nouveau jardin potager, qu’il soit loué par un individu isolé ou organisé par une entreprise, voire un syndicat. Tous les jardiniers adhèrent à la Ligue et reçoivent son bulletin. »
Bruno Belloc, Xavier Belloc,
Source : Stéphane Linou sur Brigade Dicrim