Dans quelques jours, la Commission européenne pourrait faciliter la mise sur le marché de nouvelles plantes OGM capables d’interférer avec le génome des pollinisateurs et autres insectes sauvages, directement dans la nature…
…avec des risques majeurs pour les abeilles et l’ensemble de la biodiversité, déjà menacée d’extinction…
… dans l’unique but de faire fructifier les profits de quelques géants agrochimiques, devenus géants agro-génétiques, en maintenant l’agriculture mondiale sous leur tutelle !
Monsieur, Madame,
Imaginez une plante, un maïs par exemple, génétiquement trafiquée dans les laboratoires de Bayer-Monsanto, pour détraquer en pleine nature l’ADN des insectes qui s’en approchent :
les coléoptères qui s’attaquent aux racines, les chenilles de noctuelles et de pyrales qui utilisent les plants de maïs pour se développer et devenir des papillons de nuit (1)…
… la plante serait capable d’interférer avec l’expression de certains gènes vitaux de ces insectes, les transformant en insectes OGM dégénérés – provoquant ainsi une lente agonie et leur mort (2).
Des développements sont en cours pour élaborer un blé OGM tueur de pucerons (3), des pommes de terres OGM tueuses de doryphores (4), un coton OGM tueur d’araignées rouges (5) ou de noctuelles (6), un tabac OGM tueur de pucerons verts du pêcher (7) ou de noctuelles de la tomate (8)…
De nombreux chercheurs et ONG appellent à ne pas laisser ces technologies hasardeuses sortir des laboratoires : leur utilisation grandeur nature pourrait entraîner des conséquences dévastatrices et irréparables sur toute la chaîne du vivant (9).
Les scientifiques ont identifié pas moins de 101 interférences génétiques potentielles avec l’abeille à miel par exemple (10), et plus de 80 % de probabilité d’atteindre des espèces non ciblées (11), comme les coccinelles, ou l’ensemble des papillons de nuit ET de jour !
Pourtant..
Sous la pression des lobbys des géants de l’industrie agro-génétique, les États-Unis ont déjà autorisé l’utilisation de ces technologies en plein champ :
le maïs SmartStax-PRO® de Monsanto, qui utilise l’ARN interférent pour modifier l’expression des gènes des insectes qui s’en approchent, sera désormais utilisable dès cette année sur des hectares de champs américains (12)…
… et la Commission européenne est peut-être sur le point de faciliter l’accès de ces produits aux champs européens !
Voir aussi :
En toute discrétion, et en évitant soigneusement que la nouvelle ne fasse les gros titres des journaux et ne provoque la révolte des citoyens…
… et en contradiction avec ses propres règlements (13), et le jugement de la Cour de Justice de l’Union Européenne (14) !
Pour faire barrage, POLLINIS et une trentaine d’organisations européennes* de défense de l’environnement, de paysans et de consommateurs, font appel au soutien des citoyens :
Il y a urgence : d’ici quelques jours, la Commission européenne va publier ses premières recommandations (15) pour faciliter la mise sur le marché des nouvelles plantes OGM…
… une réglementation sur-mesure, préparée depuis des années par les groupes agro-génétiques (16) qui comptent tirer de larges profits du travail développé par les laboratoires universitaires, et grâce à des millions d’euros de financements publics.
Corteva, BASF, Bayer-Monsanto, Syngenta ChemChina : les mêmes colosses agrochimiques qui ont bâti leur fortune sur la vente massive et incontrôlée de pesticides (17) destructeurs pour les pollinisateurs et la biodiversité…
… les mêmes multinationales qui ont envoyé pendant des années leurs armées de lobbyistes et d’experts sous influence abreuver les institutions de preuves biaisées (18), pour minimiser la responsabilité de leurs pesticides sur l’effondrement des populations d’abeilles, de papillons, de bourdons, d’abeilles solitaires…
… ces mêmes firmes pèsent de tout leur poids sur les institutions et espèrent obtenir rapidement un blanc seing qui leur permettra de commercialiser dans toute l’Union européenne leurs nouveaux OGM dangereux pour les abeilles et la biodiversité dans toute l’Union européenne, avec un mot d’ordre :
fournir aux dirigeants une solution clef en main pour remplacer les pesticides agricoles sans changer de modèle (19) – et pour en obtenir le financement par les fonds publics, en Europe notamment, pour continuer à piller les agriculteurs des milliards d’euros de la Politique Agricole Commune (PAC) qui finissent dans la poche des actionnaires des firmes (20).
En sachant pertinemment qu’elles jouent ainsi à la roulette russe avec la biodiversité, et qu’elles pourraient précipiter encore davantage l’extinction des espèces et l’effondrement des écosystèmes indispensables à l’alimentation et à la vie humaine !
Il ne reste que peu de temps pour les stopper, c’est pourquoi nous vous envoyons ce mail urgent, pour que vous nous aidiez à diffuser rapidement l’alerte auprès du maximum de citoyens possible, en France, en Belgique, et dans toute l’Europe.
Des documents obtenus par les ONG Friends of the Earth et Corporate Europe Observatory, avec lesquelles POLLINIS mène cette bataille en Europe, montrent clairement que les firmes sont à la manoeuvre :
>>> des séries de rendez-vous en coulisses ont eu lieu depuis 2018 pour convaincre les décideurs européens de contourner l’arrêt de la Cour de Justice européenne, qui statuait que les organismes obtenus grâce aux nouvelles techniques d’édition du génome (comme le maïs de Monsanto décrit plus haut dans ce message) étaient bien des OGM et devaient donc être régis par les règlements européens sur les OGM qui sont beaucoup plus protecteurs que ceux des États-Unis par exemple.
Lettres officielles, rendez-vous officieux, conférences et colloques organisés par l’industrie ou ses associations-écran, et dont les noms des participants (membres de ministères et d’organismes de recherche publics) sont tenus secrets (21)… Objectif de l’industrie : faire passer ces nouveaux OGM pour des alternatives sans risque (22) pour remplacer les pesticides de synthèse.
>>> résultat : en dépit de l’appel de scientifiques indépendants contre la dérégulation des nouveaux OGM (23), la Commission a annoncé dans un rapport, le 29 avril 2021 (24), sa volonté de sortir les nouveaux OGM du cadre réglementaire qui empêche actuellement leur dissémination en Europe.
Pas moins de 74 % des « experts » qui ont participé à l’élaboration de ce rapport et de cette prise de position sont directement affiliables à l’industrie (25) !
D’ici quelques jours, la Commission européenne publiera ses propositions réglementaires pour faciliter la mise sur le marché de ces nouveaux OGM.
C’est un ultime bras de fer qui va s’engager entre d’un côté les défenseurs de la biodiversité, d’une agriculture indépendante et respectueuse de l’environnement, et du droit des consommateurs à choisir leur alimentation…
… et de l’autre, les grands conglomérats agro-chimiques, les mêmes grandes firmes qui tirent depuis plus de 60 ans de juteux profits d’un système agricole reposant sur les pesticides mortifères pour le vivant (26), qui comptent garder leur mainmise sur l’agriculture en vendant à nos représentants politiques des solutions hors de contrôle qui pourraient précipiter l’effondrement du vivant !
Alors face aux milliards de bénéfices attendus par ces géants agro-génétiques, partiellement issus du financement public de l’agriculture par les impôts des citoyens…
… face à leurs lobbys et leurs « experts » qui tiennent le haut du pavé dans les réunions institutionnelles pour accélérer la mise sur le marché de ces technologies dangereuses…
… représentons la voix du vivant, de l’indépendance, de l’autonomie alimentaire.
Nous avons besoin de leur montrer que nous sommes des centaines de milliers, des millions de citoyens à refuser qu’on lâche dans l’environnement des torpilles génétiques qui menacent les pollinisateurs et tous les insectes sauvages :
Au fur et à mesure que progresse la science, des découvertes majeures sont faites sur les interactions entre les organismes qui forment la chaîne du vivant, qui nous montrent que nos connaissances sont encore très limitées.
Des recherches ont par exemple montré que les plantes transmettaient d’elles-mêmes des gènes aux insectes qui les fréquentaient – on appelle cela des transferts de gènes horizontaux (27).
Quelle forme ces transferts prendront-ils dans le cadre d’une plante OGM porteuse d’ARN interférent ? Les scientifiques l’ignorent.
Tout comme ils ignorent si un ARN ciblant un gène particulier d’une espèce de ravageur des cultures, pourrait aussi être partagé par d’autres espèces d’insectes (papillons, coccinelles, syrphes ou éristales pollinisatrices…) et précipiter l’extinction de ces précieux auxiliaires des cultures.
De premières recherches (28) ont par exemple identifié 101 ARN qui peuvent interférer avec le génome des abeilles à miel. Si l’un de ces ARN était lâché dans la nature, il pourrait avoir un impact sur les abeilles à miel, domestiques ou sauvages. Et sans doute aussi, avec un grand nombre des 2 300 espèces d’abeilles solitaires qui pollinisent les plantes à fleurs et les cultures de l’Union européenne !
D’autres recherches ont constaté un transfert d’ARN de ruche en ruche (29), qu’il est impossible d’intercepter ou de contrôler. Et des scientifiques ont par ailleurs montré que la technologie ARNi était très peu spécifique puisqu’elle pouvait générer jusqu’à 80 % d’effets sur des gènes non ciblés (30) !
Une chose est certaine : à ce stade, il est impossible de contrôler le comportement de ces technologies dans la nature, tout comme il est impossible de démontrer leur innocuité sur l’ensemble des espèces potentiellement atteintes.
Il est donc dangereux et prématuré d’envisager le déploiement de ces technologies dans nos champs, car elles pourraient précipiter l’extinction des pollinisateurs enclenchée par les pesticides chimiques qu’elles sont censées remplacer !
Aidez-nous à contrer le lobbying funeste et irresponsable des firmes agro-génétiques !
Nous devons montrer à nos dirigeants institutionnels que nous représentons la voix de millions de citoyens, qui refusent qu’on sacrifie une fois de plus les abeilles et la biodiversité pour servir les intérêts de quelques firmes dont les actions incontrôlées ont déjà poussé les écosystèmes au bord de la rupture… (31)
… et qui devraient plutôt siéger aujourd’hui devant un Tribunal pour répondre de leur responsabilité dans l’extinction en cours de la biodiversité ordinaire, qu’auprès des décideurs européens et internationaux à décider de l’avenir du vivant !
Merci par avance.
Avec espoir, et détermination.
L’équipe POLLINIS
* Action menée avec les organisations Friends of the Earth, Nature & Progrès Belgique, Biodynamic Federation Demeter International, OGM dangers, Slow Food, Global2000, Zelena akcija, Plataforma Transgenicos Fora, Objectif Zéro OGM, Za Zemiata, Civil Affairs Institute, SITO seeds, Corporate Europe Observatory, Confédération paysanne, Inter-Environnement Wallonie, Arbeitsgemeinschaft bäuerliche Landwirtschaft (AbL), Magház Association, Sciences Citoyennes, Bio Lutzeburg, Občianska iniciatíva Slovensko bez GMO, Ecotrend Slovakia, Druživa, Association GMO-free Poland, Velt, AEGILOPS, DEAFAL
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Références
1. Head GP, Carroll MW, Evans SP et al. Evaluation of SmartStax and SmartStax PRO maize against western corn rootworm and northern corn rootworm: efficacy and resistance management. Pest Manag. Sci. 73(9), 1883–1899 (2017)
2. Bramlett, M., Plaetink, G., Maienfisch, P. (2019). RNA-Based Biocontrols—A New Paradigm in Crop Protection. Engineering. In Press,
Christiaens, O., S. Whyard, A. Vélez and G. Smagghe (2020). « https://action.pollinis.org/go/56152?t=52&akid=14696%2ENone%2EOKb2pd(RNAi,strategy%20in%20the%20past%20decade. » target= »_blank » rel= »noopener »>Double-Stranded RNA Technology to Control Insect Pests: Current Status and Challenges. » Front Plant Sci 11.
3. Zhao Y, Sui X, Xu L et al. Plant-mediated RNAi of grain aphid CHS1 gene confers common wheat resistance against aphids. Pest Manag. Sci. 74(12), 2754–2760 (2018).
Hou Q, Xu L, Liu G et al. Plant-mediated gene silencing of an essential olfactory-related Gqα gene enhances resistance to grain aphid in common wheat in greenhouse and field. Pest Manag. Sci. 75(6), 1718–1725 (2019).
4. Guo W, Bai C, Wang Z et al. Double-stranded RNAs high-efficiently protect transgenic potato from Leptinotarsa decemlineata by disrupting juvenile hormone biosynthesis. J. Agric. Food Chem. 66(45), 11990–11999 (2018).
5. Shen GM, Song CG, Ao YQY et al. Transgenic cotton expressing CYP392A4 double-stranded RNA decreases the reproductive ability of Tetranychus cinnabarinus. Insect Sci. 24(4), 559–568 (2017).
6. Han Q, Wang Z, He Y et al. Transgenic cotton plants expressing the HaHR3 gene conferred enhanced resistance to Helicoverpa armigera and improved cotton yield. Int. J. Mol. Sci. 18(9), E1874 (2017)
7. Mao J, Zeng F. Plant-mediated RNAi of a gap gene-enhanced tobacco tolerance against the Myzus persicae. Transgenic Res. 23(1), 145–152 (2014).
8. Xiong Y, Zeng H, Zhang Y et al. Silencing the HaHR3 gene by transgenic plant-mediated RNAi to disrupt Helicoverpa armigera development. Int. J. Biol. Sci. 9(4), 370–381 (2013).
9. Friends of the Earth, Gene-Silencing PesticidesGene-Silencing Pesticides, Risks and Concerns. Eva Sirinathsinghji, Friends of the Earth 2020
Heinemann J. A. (2019). Should dsRNA treatments applied in outdoor environments be regulated? Environment International, 132, 104856.
10. Mogren CL, Lundgren JG. 2017. In silico identification of off-target pesticidal dsRNA binding in honey bees (Apis mellifera) PeerJ 5:e4131
11. Shibin Qiu, Coen M. Adema, Terran Lane, A computational study of off-target effects of RNA interference, Nucleic Acids Research, Volume 33, Issue 6, 1 April 2005, Pages 1834–1847
12. SMARTSTAX® PRO WITH RNAi TECHNOLOGY*. Bayer-Monsanto, accès 13/04/2022
13. Directive 2001/18/CE du Parlement européen et du Conseil du 12 mars 2001 relative à la dissémination volontaire d’organismes génétiquement modifiés dans l’environnement et abrogeant la directive 90/220/CEE du Conseil
14. Cour de Justice de l’Union Européenne, Arrêt dans l’affaire C-528/16 Confédération paysanne e.a./Premier ministre et ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, 25 juillet 2018
15. Legislation for plants produced by certain new genomic techniques. Commission européenne
16. Biotech lobby’s push for new GMOs to escape regulation. Corporate Europe Observatory 02/02/2016
17. Pesticides : un modèle qui nous est cher – Rapport de POLLINIS, BASIC et CCFD-Terre Solidaire, Novembre 2021
18. Stéphane Foucart, Et le monde devint silencieux. Éditions du seuil 2019
19. #EmbracingNature? Biotech industry spin seeks to exempt new GMOs from regulation. Corporate Europe Observatory 14/05/2018
20. Pesticides : un modèle qui nous est cher – Rapport de POLLINIS, BASIC et CCFD-Terre Solidaire, Novembre 2021
21. Derailing EU rules on new GMOs. Corporate Europe Observatory 29/03/2021
22. EU Commission spreading misinformation. Testbiotech 14/07/2021
23. ENSSER Statement on New Genetic Modification Techniques, 27 September 2017
24. Biotechnologies: la Commission souhaite un débat public sur les nouvelles techniques génomiques, car une étude montre qu’elles peuvent contribuer à une agriculture durable et qu’une nouvelle politique est nécessaire en la matière. Commission européenne, 29/04/2021
25. Green light for new GMOs? Friend of the Earth 03/2021
26. Pesticides: l’UIPP (fabricants) change de nom et devient Phyteis | AGPB
27. Méteignier, Louis-Valentin et al. Plant to Insect Horizontal Gene Transfer: Empowering Whiteflies. Trends in Genetics, Volume 37, Issue 8, 688 – 690
28. Mogren CL, Lundgren JG. 2017. In silico identification of off-target pesticidal dsRNA binding in honey bees (Apis mellifera) PeerJ 5:e4131
29. Maiori 2019 – A Transmissible RNA Pathway in Honey Bees – cell reports.
30. Shibin Qiu, Coen M. Adema, Terran Lane, A computational study of off-target effects of RNA interference, Nucleic Acids Research, Volume 33, Issue 6, 1 April 2005, Pages 1834–1847
31. Newbold T, Hudson LN, Arnell AP, Contu S, De Palma A, Ferrier S, Hill SL, Hoskins AJ, Lysenko I, Phillips HR, Burton VJ, Chng CW, Emerson S, Gao D, Pask-Hale G, Hutton J, Jung M, Sanchez-Ortiz K, Simmons BI, Whitmee S, Zhang H, Scharlemann JP, Purvis A. Has land use pushed terrestrial biodiversity beyond the planetary boundary? A global assessment. Science. 2016 Jul 15;353(6296):288-91. doi: 10.1126/science.aaf2201. PMID: 27418509.
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